B U R E A U O F P U B L I C S E C R E T S |
En ce 22 août 2008, ce site web fête ses dix ans!
Jai commencé à entendre parler du Web au milieu des années 1990. Il mavait lair de présenter dintéressantes possibilités, mais la technologie en était alors assez primitive et compliquée, et il y avait relativement peu de gens en ligne. Jai préféré attendre que le réseau dusagers sétende et que les techniques en deviennent plus accessibles. En outre, de 1993 à 1997 je me consacrais à la préparation de Public Secrets. Ce livre terminé, le temps était venu de me livrer à lexploration de ce nouveau médium.
En guise dinitiation, jai dabord absorbé beaucoup douvrages sur les ordinateurs et sur lInternet. Cependant les technologies progressaient si vite que la plupart de ces ouvrages étaient déjà obsolètes; mais au moins mont-ils donné une idée du développement historique du Web. Avec quelquaide de mes amis, je me suis “connecté” en juin 1998. Pendant deux mois, jai navigué sur le Web pour me familiariser avec son fonctionnement, y découvrir ce que dautres en faisaient, tout en apprenant à créer des pages web, à scanner et à formater des textes pour mon futur site. Ce site fut téléchargé pour la première fois le 22 août 1998. Je lai annoncé par e-mail à quelques dizaines damis et de contacts, et dans la semaine le site a reçu plusieurs centaines de visites. Cétait magique!
Dix ans plus tard, cest toujours magique à mes yeux. Bien des gens dénigrent le Web, mais pour moi cest une expérience presque totalement positive. Quand je pense aux milliers dheures consacrées à taper et à retaper, au montage manuel des textes et des corrections, à remplir des enveloppes et des commandes... Maintenant, pour presque rien, je peux mettre en ligne un texte qui en quelques jours aura des milliers de lecteurs partout dans le monde, et restera disponible pour tous ceux à venir. À travers les années, nombre de ces lecteurs sont devenus des amis ou des collaborateurs.
Une fois mon site mis en ligne, jai envoyé par la poste aux six ou sept cent adresses accumulées pendant les précédentes décennies de correspondances ou de commandes de mes publications, un mot annonçant le site et précisant que cétait là ma dernière communication postale, que jétais passé totalement à le-mail et au Web. Quel soulagement!
Entre temps, jai continué à naviguer sur le Web, découvrant et explorant dinnombrables sites de toutes sortes et de toutes qualités, tout en notant les adresses e-mail des gens ou des organisations qui seraient, à mes yeux, susceptibles de sintéresser à mon site. Je me suis mis dabord à la recherche de personnes semblant sintéresser aux situationnistes. Puis, jai exploré tous les sites anarchistes que je pouvais trouver; certains de ces sites ayant des liens à dautres sites anarchistes, lesquels, souvent, avaient leurs propres listes de liens... Jai fait de même avec les diverses tendances ultragauchistes, puis je me suis aventuré dans des régions plus éclectiques Food Not Bombs, Critical Mass, Amnesty International, groupes de soutien aux prisonniers, groupes anti-guerre, coopératives radicales, communautés alternatives, infoshops, groupes surréalistes, activistes écologistes, stations de radio pirate, presque nimporte quel site un peu radical en Europe de lEst ou dans le Tiers-Monde, etc., etc. Une fois que jai accumulé un nombre significatif dadresses e-mail dans ces catégories diverses, je leur ai envoyé l’annonce de mon nouveau site.
Lannée suivante a été consacrée principalement à mettre en ligne toutes mes précédentes publications. Pour les textes de Public Secrets, déjà en format numérique, cétait facile. Pour les traductions de la Situationist International Anthology, le livre ayant été achevé en 1981, juste avant que le traitement de texte et la microédition soient rentrés dans lusage courant, il ma fallu les scanner et corriger les erreurs dans le résultat final. Cela a pris beaucoup de temps, mais cela ma aussi permis, dans ce processus de faire de nombreuses révisions stylistiques, de sorte que la version en ligne était effectivement meilleure que la version originale du livre. Toutes ces traductions révisées et téléchargées, jai continué à les perfectionner, et jai également ajouté de nouveaux textes et nombre de notes. Ainsi, bien des années plus tard quand jai publié une édition révisée et augmentée du livre (2006), je nai eu quà copier les textes web, faire quelques petits réajustements de format, et cétait prêt pour limprimerie.
LInternet m’a également facilité considérablement le processus de la traduction. En 1980-1981, quand je travaillais sur mon anthologie de lI.S., jai consacré d’innombrables heures à taper mes ébauches de traduction, à les photocopier, à les envoyer à mes collaborateurs français, à attendre des semaines leurs réponses avec des centaines de notes (Page 27, ligne 13, le mot A doit être remplacé par le mot B...), et ainsi de suite pendant plus dune année. Puis, il ma fallu retaper le tout, le faire composer, corriger la composition, monter les corrections sur les galées de manière à éviter les discontinuités, couper et monter manuellement le montage de chaque page, etc., avant de lenvoyer à limprimerie. Maintenant, j’envoie mes ébauches à mes collaborateurs par e-mail et je reçois leurs corrections dans les un ou deux jours, et ceci jusquà ce que nous soyons arrivés à un accord presque total sur la meilleure formulation. Cest tellement plus rapide et plus agréable, et parce quil est plus facile d “affiner” le travail (Devons-nous ajouter une virgule ici?), le résultat final tend à être plus juste.
La plupart des traductions de mes écrits ont été faites ainsi, dans bien des cas par des gens dans dautres pays qui navaient jamais vu mes livres, mais qui les avaient découverts sur mon site, et qui ont travaillé exclusivement à partir de ces versions en ligne. Dans le cas du français ou (à un moindre degré) de lespagnol, je peux rapidement vérifier leur traduction. Dans le cas des autres langues de moi inconnues, je peux au moins répondre rapidement à toutes les questions des traducteurs. Puis, une fois quils ont achevé leurs traductions et les ont mises sur leurs sites, je peux facilement les copier sur mon site (copie sauvegarde heureuse, car il arrive parfois que le site étranger disparaisse).
Après avoir mis en ligne tous mes écrits et toutes mes traductions, jai commencé à y mettre des écrits de Kenneth Rexroth. Avec les années cest devenu un assez grand ensemble, et qui a fait connaître Rexroth à des milliers de gens partout dans le monde la plupart nen ayant jamais entendu parler avant de le découvrir sur mon site. Beaucoup de ses écrits étaient épuisés depuis longtemps, mais les Éditions New Directions et les autres propriétaires du copyright mont permis de télécharger également de généreux extraits des textes couramment disponibles. À la différence de nombre déditeurs, ils se sont rendu compte que cela augmentait les ventes, aussi contradictoire que cela puisse paraître. Des milliers douvrages classiques sont maintenant en ligne sans que cela empêche les gens den acheter les exemplaires imprimés. Personne ne dit: Jétais sur le point dacheter les oeuvres de Shakespeare, mais maintenant quelles sont toutes en ligne... Le Web est utile principalement comme ressource de références, où lon peut vérifier un point particulier ou chercher un passage précis. Il nest pas très propice à de longues lectures. Personne, ou presque, ne lit en ligne tout un livre (à moins quil ne soit épuisé et quil ny ait dautres alternatives). Mais plus les écrits dun auteur sont en ligne, plus il est probable que de nouveaux lecteurs le découvrent. Jai recommandé Rexroth pendant des décennies, et jai réussi à convertir bon nombre de mes amis et d’autres gens ça et là, mais bien plus de gens encore lont découvert grâce à mon site web. Une fois que les gens peuvent le lire aisément sur les sujets qui les intéressent, ils ont tendance à feuilleter ses autres écrits, et certains dentre eux finissent par devenir des rexrothiens enthousiastes comme moi, qui achètent ses livres, les citent, les recommandent, en écrivent des compte-rendus, se procurent des exemplaires supplémentaires pour les offrir, les traduisent, etc. Bien sûr, la plupart des gens ne suivent pas cette trajectoire; mais ceux-là nauraient de toutes façons jamais acheté ces livres, quils soient en ligne ou non.
Parfois je donne un coup de fouet à ces textes en les annonçant par des courriels ou des posts sur le Web. (Aficionados de jazz: Cela peut vous intéresser dapprendre que plusieurs des essais provocants de Kenneth Rexroth sur le jazz se trouvent maintenant sur...) Mais leffet principal à long terme vient des moteurs de recherche, qui peuvent conduire par hasard à toutes sortes de découvertes heureuses quelquun cherche le nom dun auteur et il tombe sur un essai de Rexroth qui cite ce nom, bien que lessai traite dun sujet tout autre.
En plus du matériel de Rexroth, jai téléchargé une sélection éclectique de textes radicaux classiques (Marx, Brecht, Korsch, Clarence Darrow, Paul Goodman, Gary Snyder, etc.). Et bien sûr jai continué à ajouter mes nouveaux textes et mes nouvelles traductions. Sauf pour quelques tracts destinés à une diffusion locale, je nai même pas pris la peine dimprimer la plupart de ces nouveaux textes. Le Web les a fait connaître bien plus largement, et dans bien des cas une publication imprimée en aurait été de toute façon irréaliste. Par exemple, ma liste de lectures recommandées, Portes des vastes domaines, est une des sections les plus consultées de mon site, mais on aurait du mal à imaginer lédition dune telle liste. On peut dire la même chose à propos des sélections de ma correspondance (Réponses Rapides). Dautres textes, comme les chroniques de Rexroth ou son guide du camping de 1939, ont un certain intérêt historique, mais auraient peu de chance dêtre édités de nos jours. Je considère Josef Weber comme un des théoriciens dialectiques les plus brillants que jai jamais lu, mais comme la plupart de ses articles sont assez longs, semblent un peu vieillis et sont à quelques égards un peu excentriques, il est peu probable quils soient réimprimés dans un avenir prévisible. Et cependant il ma été facile de mettre tous ces textes en ligne.
Mon site fait aussi fonction de référence utile tant pour moi-même que pour les autres. Comme tout y est en format numérique, on peut aisément y faire des recherches, copier, réimprimer, faire suivre, réviser ou mettre à jour, et comme tout est en ligne, il mest accessible partout où je vais que ce soit dans une autre ville ou un autre pays, je peux néanmoins montrer immédiatement à quelquun, disons, un essai de Rexroth sur tel auteur ou tel sujet que nous discutons.
Bien sûr, il y a de temps à autre des problèmes techniques. Il est frustrant dattendre pendant une panne de serveur ou une coupure de courant, et si votre ordinateur tombe en panne cela peut être un véritable cauchemar si vous navez pas fait des copies de sauvegarde. Mais ces sortes dinterruptions semblent arriver de plus en plus rarement ces dernières années. Et en tout cas, cest bien plus facile de récupérer une copie mise en réserve ou téléchargée que si vous avez perdu le seul exemplaire dun manuscrit en cours.
Bien quaucunement anti-tech, jai attendu généralement den avoir un besoin concret avant de prendre la peine dapprendre et dappliquer de nouvelles techniques. À lexception de quelques reproductions de comics ou de tracts, mon site consiste exclusivement en textes, et la forme en est très simple. Japprécie les blogs — j’en lis beaucoup régulièrement — mais je n’ai pas eu envie d’en créer moi-même ou d’établir un système RSS [“RSS feed”], parce que d’habitude je n’ajoute que quelques textes par mois. Les lecteurs peuvent toujours voir ce qui a été ajouté depuis leur dernière visite en allant à la page Whats New. Dans le cas rare où il peut y avoir urgence, je peux rapidement joindre plusieurs milliers de gens par e-mail et des forums Internet.
Quand jai commencé, je navais pas de moteur de recherche pour mon site, et je navais pas assez dexpérience pour en trouver ou installer un. Jai donc créé un Index du site comme on trouve dans les livres. Cest le seul index de ce genre que jai vu sur le Web. Il ma pris beaucoup de temps à préparer, et je doute que je prendrais la peine de le faire encore, maintenant que jai un moteur de recherche pour mon site. Mais cet Index au moins a-t-il lavantage de permettre aux lecteurs de parcourir les sujets comme on fait avec lindex dun livre, leur donnant ainsi une vue densemble de ce qui est là et peut-être aussi les amenant à tomber sur dautres sujets qui peuvent les intéresser. Aussi jai continué à le mettre à jour.
Au début, le site avait environ 30 pages. Maintenant il en compte plus de 600. Bien quil nait jamais atteint à une popularité au niveau des mass media du genre qui attire des centaines de milliers de visites dans une seule journée parce quil touche un sujet très à la mode il a été bien plus fréquenté que je ne lavais espéré ou attendu. Pendant ces dix premières années il y a eu plus de 2 000 000 de visiteurs différents et plus de 5 000 000 de visites aux diverses pages du site. (Cela ne comprend pas le site miroir, qui a également reçu plusieurs millions de visites.) La page daccueil a reçu naturellement le plus grand nombre de visites (380 000). Quelques autres pages ont approché ou dépassé la barre des 100 000. Chacune des top 100 dépasse 10 000, et même les pages les moins visitées ont presque toutes reçu plus de mille visites.
Selon Google Analytics (un service gratuit que jutilise depuis juin 2006), pendant les 26 derniers mois le site a reçu 1 554 004 visites de page par 751 093 personnes de 218 pays différents. La part du lion est naturellement celle des principaux pays industrialisés (États-Unis 45%, Europe 30%), mais un nombre respectable de visites viennent aussi du Tiers-Monde (19 040 de lAfrique, par exemple) dont on peut affirmer sans trop savancer que les visiteurs nauraient eu aucun accès réel à ces textes en dehors du Web.
Il faut reconnaître que beaucoup de ces visiteurs ny sont entrés en passant que quelques secondes, pour en sortir quand ils ont découvert que ce nétait pas leur tasse de thé; et bien dautres probablement nont fait quen parcourir rapidement un ou deux articles. Le nombre total des visiteurs de mon site représente tout de même plus de cent fois celui des lecteurs de toutes mes publications imprimées. Il nest pas déraisonnable de croire quau moins un certain pourcentage de ces visiteurs ont lu les textes avec intérêt et attention. En tout cas, plusieurs milliers dentre eux ont trouvé bon de mettre des liens à ces textes, ce qui mène à un nombre toujours croissant de nouveaux lecteurs.
Dailleurs, tous ceux qui ont créé des liens l’ont fait de leur propre initiative je nai jamais demandé de liens ni accepté doffres d échange. Je nai même pas de Page de Liens. Il y a bon nombre de liens sur mon site, mais la plupart mènent à des textes directement en rapport avec tel ou tel sujet abordé dans une de mes pages. Il me semble plus utile dattirer lattention sur quelques pages web particulières dans un contexte particulier, que de présenter une grande liste de tous les sites présentant un peu d’intérêt. Par exemple, dans ma Bibliographie situationniste je nai mis de liens quà trois sites situ, parce quils comprennent la quasi-totalité des textes situationnistes en anglais sur le Web ainsi que des liens à la plupart des autres sites situationnistes ou soi-disant situationnistes partout dans le monde. De la même façon, le seul site ultragauchiste que jai recommandé nommément comprend des liens à plusieurs des principaux autres sites ultragauchistes (communistes des conseils, marxistes non-bolchéviques, etc.). En cliquant sur les liens de ces sites-là, vous pouvez trouver beaucoup dautres sites ultragauchistes, ainsi que certains des sites anarchistes les plus notables... Et bien sûr, il est également facile à trouver des pages web sur nimporte quel sujet au moyen de Google, Wikipédia, etc.
Au milieu de cette abondance dinformation et de contacts, il importe de se rappeler les limites de ce média. LInternet est très utile pour de brefs textes et de brèves communications, particulièrement quand il sagit dêtre à jour (informations, annonces, maillage de réseau, projets en cours) ou pour créer des archives de référence de documents importants. Il nest pas le lieu favorable à une réflexion sérieuse. Il est ridicule dimaginer pouvoir tirer quelque chose de Homère, Lao Tse, Gibbon, Montaigne, Murasaki, ou quoi que ce soit dautre avec profondeur et subtilité, en cliquant sur une page web et en jetant un coup doeil sur quelques extraits graphiquement améliorés. Si vous voulez apprendre des choses sur le marxisme ou lanarchisme ou les situationnistes, procurez-vous les livres de Marx, Kropotkine, Debord, etc., lisez-les attentivement, discutez-les, critiquez-les, essayez de mettre en pratique leurs aspects valables, puis relisez-les à la lumière de ces expériences. Cest seulement quand vous serez devenu un peu familier avec eux, que cela aura un sens de chercher sur le Web dautres textes deux, ou sur eux, ou de rechercher dautres gens partageant votre intérêt.
LInternet partage évidemment quelques-uns des traits aliénants des autres médias, dans la mesure où il habitue les gens à la consommation passive des textes, des images, des informations, de la propagande, des soundbites à sensation, des mélodrames émotionnellement manipulateurs, etc. Mais il se distingue énormément des médias unilatéraux comme la radio, la télévision et le cinéma en ce quil facilite en même temps linteraction et la participation. La médiocrité des millions de blogs et de sites web ne devrait pas nous cacher le fait que leur existence même introduit une communication populaire horizontale qui aurait été inconcevable dans le monde de haut en bas dominé par la télévision dil y a vingt ou trente ans. Les gens navaient alors aucun moyen de répondre aux médias, encore moins de rivaliser avec eux. Vous pouviez parler avec quelques amis, écrire un tract ou une brochure qui pouvaient être lus par quelques centaines des gens, écrire une lettre à la rédaction en espérant quelle soit publiée, ou participer à une manifestation en espérant quelle soit mentionnée dans les informations, mais si elle ne létait pas, le résultat était quasiment nul. Avec le Web, vous pouvez publier ou faire connaître tout ce que vous voulez et être lu immédiatement par des milliers de gens. Si ce que vous dites sonne juste, cela sera relayé à dautres milliers, voire à des millions de gens. Les médias restent très puissants, mais ils sont de plus en plus défiés et mis sur la défensive.
LInternet a déjà joué un rôle majeur en facilitant la communication et la collaboration immédiates, tranchant avec le secret et lignorance qui étaient autrefois la norme. Autrefois, nous napprenions un mensonge dÉtat que des années plus tard; maintenant il peut être révélé à des millions de gens dans les un ou deux jours. Par exemple, quand la version falsifiée de lIncident du Golfe de Tonkin fut finalement dévoilée publiquement, cétait trop tard elle avait déjà servi de prétexte à lescalade de la guerre du Vietnam. Si lactuel gouvernement américain tentait de fabriquer un incident semblable pour servir de prétexte à une invasion de lIran, nous pouvons espérer que la vérité se répandrait partout assez rapidement pour que la crédibilité gouvernementale en soit immédiatement ébranlée.
De même, bien quautrefois nous napprenions un mouvement de révolte quaprès sa défaite, nous pouvons maintenant le découvrir au moment même où il se déroule, et même dans certains cas intervenir, au moins le faire savoir ou organiser un soutien international. Nous avons également vu bien des mouvements récents, depuis Seattle 1999 à la France en 2006, organiser ou coordonner leurs actions en utilisant les toutes dernières technologies de communication. Par contraste, notons quune des raisons les plus importantes de léchec de la révolte de Mai 1968 était lisolement des usines les unes par rapport aux autres. Les travailleurs avaient occupé presque toutes les usines du pays, mais les bureaucrates syndicaux (sous prétexte de se protéger contre des provocateurs de lextérieur) ont veillé à ce que les portes des usines restent fermées, bloquant ainsi toute communication venant des radicaux du dehors ou dautres usines. Imaginez comment les choses auraient pu se passer si beaucoup de gens dans les usines et à lextérieur avaient eu des téléphones portables, ou sils avaient pu accéder à des sites ou des forums internet avec les dernières informations et les derniers débats, de manière à pouvoir se concerter directement et apprendre ce qui se passait réellement ailleurs. LInternet et les autres technologies de communication modernes ne peuvent remplacer laction stratégique intelligente, mais ils peuvent être des instruments très utiles. Cela dépend de lusage que nous en faisons.
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Comme je lai mentionné ci-dessus, depuis le début jai envoyé des annonces concernant mon site à de nombreuses adresses courriel. La plupart de ces adresses nont reçu quun seul message, mais jai continué à envoyer des annonces de mises à jour de mon site à des gens qui se sont abonnés explicitement ou qui semblaient sy intéresser particulièrement (à en juger par leur correspondance ou le fait quils aient mis des liens à mon site). Si vous recevez de telles annonces et ne voulez pas continuer, dites-le-moi.
En fait, jai plusieurs sortes d abonnements:
1. Ma liste Principale est une grande liste générale actuellement d’environ 2000 adresses auxquelles jenvoie les mises à jour de mon site (à peu près une fois par mois) ainsi que dautres messages occasionnels, tels que de brefs commentaires sur les actualités.
2. Ma liste Principale-2 comprend des contacts politiques auxquels jenvoie des communications plus ou moins politiques, mais non pas des annonces dun caractère plus littéraire ou culturel (par exemple, sur des poèmes ou des essais de Rexroth).
3. Inversement, jai une liste Rexroth-non-Principale des gens qui ont un intérêt littéraire pour les écrits et les traductions de Rexroth, mais qui ne seraient pas intéressés par une réflexion politique radicale sur la société. (Je ne fais que le supputer, daprès leurs e-mails ou leurs sites web parfois, bien sûr, il savère quune personne littéraire sintéresse tout à fait aux problèmes de critique sociale, et vice versa.
4. Puis, il y a une liste d Amis choisis auxquels jenvoie des choses plus légères et diverses (par exemple, un lien des comics amusants, ou à une belle interprétation musicale sur YouTube, ou à un documentaire intéressant sur une jeune femme grand maître des échecs).
5. Enfin, il y a diverses catégories de mes amis de la région de San Francisco auxquels jenvoie des annonces dévénements locaux (fêtes, concerts, boeufs folkloriques, groupes de discussion, événements politiques, évènements zen, etc.).
Vous pouvez librement vous abonner ou vous désabonner à nimporte laquelle de ces listes.
Dites-moi aussi si vous trouvez des erreurs dans nimporte lesquels des textes sur ce site (ne serait-ce quune coquille mineure) ou si vous y rencontrez des problèmes, ou si vous avez des suggestions pour laméliorer.
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Je voudrais profiter de cette occasion pour exprimer mes remerciements pour toutes les réponses appréciatives que jai reçues toutes ces années. Il y en a eu tant qui étaient si encourageantes de tant de façons différentes que je ne saurais par où commencer pour vous en donner une idée. Deux exemples pris au hasard: Merci d’être une ressource publique et une lumière dans un temps de grandes ténèbres. Jaime bien le site Secrets Publics. En fait, à présent, je remets à plus tard mon travail pour lire votre site du début à la fin! Enfin, voici une des réponses parmi les plus émouvantes:
Je viens de découvrir votre site web, et jai cru bon de vous envoyer un e-mail de remerciement. Jai lu vos livres pendant que jétais en prison sans doute en avez-vous donné des exemplaires au projet “Livres pour les prisonniers” mené par la librairie Bound Together Books. Public Secrets est certainement un des meilleurs livres que jai lus pendant que jétais incarcéré, et il ma donné beaucoup despoir. Maintenant je suis hors de prison, en liberté conditionnelle, ainsi ma capacité à mengager dans des projets radicaux est quelque peu limitée, bien que pas du tout impossible. Jai produit un fanzine pendant que jétais en prison, je travaille actuellement à un nouveau numéro (à sortir en hiver), et jespère trouver dautres choses dans lesquelles je pourrais mimpliquer des choses qui ne mattireraient pas trop dennuis mais qui me “secoueront” (et dautres aussi, jespère) hors de la consommation passive. Je vous remercie encore et je vous souhaite tout le meilleur. [Septembre 2006]
Je suis heureux de dire que ce jeune homme a réussi à éviter “les ennuis”, et quil vient dépouser sa copine de longue date. Je leur souhaite le meilleur. Et à vous aussi.
KEN KNABB
Août 2008
Version française de
Ten Years on the Web. Traduit de laméricain
par Ken Knabb et Hélène Fleury.
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