B U R E A U   O F   P U B L I C   S E C R E T S


 

Les débuts d’une nouvelle révolte

 

Quand les journaux n’ont rien d’autre à se mettre sous la dent, ils polémiquent au sujet des jeunes. Les jeunes sont toujours des nouvelles. S’ils se mobilisent sur quelque chose, c’est une nouvelle. S’ils ne le font pas, c’est une nouvelle aussi. Les choses que l’on faisait étant jeunes et dont nous ne pensions rien, les cabrioles de tout jeune animal, font maintenant les gros titres, secouent les services de police et fend le cœur fragile des travailleurs sociaux. Ceci est du en partie aux mythologies de la civilisation moderne. Chesterton a fait un jour la remarque qu’il est normal de constater une adoration du nouveau-né dans une société où la seule immortalité à laquelle tout le monde croit est l’enfance. Ceci est aussi du en partie aux réactions personnelles des journalistes, un type d’hommes que l’on empêche généralement de grandir pour des raisons professionnelles. Ceci est du en partie à l’espoir: “Nous avons échoué, ils peuvent faire mieux que nous.” Ceci est du en partie à la culpabilité: “Nous avons échoué avec eux. Préparent-ils une vengeance?”

Lorsque l’on parle de la Révolte de la Jeunesse, on ne doit jamais oublier que l’on a à faire à un concept nouveau. Pendant des milliers d’années, personne ne s’est soucié de ce que faisait les jeunes. Ils n’étaient pas des nouvelles. Ils étaient sages.

Il ne le sont plus. Ce n’est pas une nouvelle. Ils ne l’ont pas été depuis l’époque de John Held, Jr., College Humor et F. Scott Fitzgerald. À cette époque, ils se révoltaient. Dans les années trente, ils se sont ralliés, donnant une dernière chance aux nobles préceptes de leurs aînés. Pendant la période de McCarthy et de la Guerre de Corée, ils ont tourné le dos et se sont éloignés. Aujourd’hui, ils rendent les coups. Ca, c’est une nouvelle. Personne d’autre qu’eux ne rend les coups. À peine une personne sur trente dans nos sociétés de masse croit qu’il est possible de rendre les coups ou saurait comment faire s’il le croyait. Durant ces deux dernières années, sans se soucier des conséquences, bâtissant leurs propres techniques au fur et à mesure, s’organisant spontanément au coeur de l’action, les jeunes partout dans le monde sont intervenus dans l’histoire. 

Comme l’a dit un étudiant de l’Université de Californie pendant la récente émeute à San Francisco lors de la réunion du Un-American Activities Committee: “Chessman(1) a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. J’en ai assez.” Le temps du ras-le-bol est arrivé parce que, pour mélanger les métaphores, toutes les poules rentrent au perchoir. Il est devenu évident que nous ne pouvons garder plus longtemps la vieille mentalité de mêlée générale dans laquelle la vieille civilisation s’est empêtrée jusqu’en 1960. Indolence, ignominie, malhonnêteté prédatrice, fuite, rodomontades, ne marchent plus. La machine est devenue trop délicate, trop compliquée, trop globale. Peut-être a-t-il été vrai, il y a cent cinquante ans de cela, que la somme des actions immorales d’hommes égoïstes produisait un progrès social. Ce ne l’est plus aujourd’hui. Peut-être qu’à une époque, socialement parlant, si les loups se mangeaient entre eux assez longtemps et assez brutalement, cela produisait une race de chiens intelligents. Plus maintenant. Assez vite, nous allons seulement nous retrouver avec un monde peuplé de loups morts.

Vers la fin de sa vie, H.G. Wells remarquait que “quelque chose de très bizarre s’introduisait dans les relations humaines.” Il entrevoyait une sorte de malhonnêteté insensée, un penchant pervers pour la violence morale et physique, et un manque total de respect pour l’intégrité de la personne, envahir chaque étape de la vie, chaque relation humaine, individuelle ou globale. Il ne semblait pas seulement troublé, mais intrigué par cette constatation. Dans son In the Days of the Comet, la Terre passe dans la queue d’une comète et un gaz bénéfique emplit l’atmosphère et rend tous les hommes bons durant la nuit. On sent qu’il a suspecté que quelque chose de similaire a pu se passer dans l’espace sans que l’on en ait conscience, mais que cette fois, le gaz est devenu subtilement et carrément mauvais. On voit aisément où il voulait en venir. Nul ne le voit mieux que le jeune étudiant aujourd’hui, la tête pleine de “l’héritage du passé,” à qui on a enseigné en classe toutes les aspirations les plus nobles de l’humanité et qui se retrouve face à face avec le chaos du monde une fois franchi les portes de l’université. Il va y entrer, l’université se terminera dans quelques mois ou quelques années. Il y entre en en ayant déjà assez.

Pensez aux grands désastres de notre époque. Ils ont tous été le résultat d’un immoralisme toujours croissant. On pourrait indéfiniment remonter le cours de l’histoire — avec le télégramme de Bismarck ou la Guerre de l’Opium — mais pensez à ce qu’ont vécu les hommes encore en vie: la Première Guerre Mondiale, une vaste offensive “contre révolutionnaire”; le Traité de Versailles; le Fascisme et le Nazisme avec l’institutionnalisation d’une paranoïa perverse dans chaque fibre; les Procès de Moscou; la trahison de l’Espagne; Munich; la Seconde Guerre Mondiale, avec ses nobles propos et ses marchés foireux; le conte horrible de quinze années de paix et de guerre froide; les Rosenberg; la Révolution hongroise; et durant les derniers mois la malhonnêteté qui a explosé au-dessus de nos têtes comme des shrapnels — U-2, Sommets factices, une orgie d’irresponsabilité et de mensonges. Voici le monde une fois passé les portes de l’université. On demande à des millions de gens d’y entrer gaiement chaque mois de juin, équipés de papiers militaires, d’une carte de sécurité sociale, d’une carte d’électeur, d’un formulaire vierge de demande d’emploi, contresigné par David Sarnoff, J. Edgar Hoover, Allen W. Dulles(2) et le pasteur de l’église voisine. Est-il surprenant que beaucoup d’entre eux fassent demi tour à la porte de la salle du banquet, rendent leur billet d’entrée et disent: “Désolé, j’en ai déjà assez”?

Marx pensait que notre civilisation était née dans les bras de son propre bourreau, déjà jumeaux ennemis dans la matrice. Notre civilisation est certainement la seule grande culture qui durant toute sa vie a été accompagnée d’une minorité agissante rejetant toutes ses valeurs et tous ses préceptes. Pratiquement toutes les autres ont vu une vaste majorité qui ne partageait que peu, sinon aucun, des bénéfices de la civilisation. Les esclaves et le prolétariat ne sont rien de nouveau, les mots eux-mêmes proviennent d’une autre civilisation. Mais une société qui avance grâce à une élite constamment aliénée et révoltée est une nouveauté. Dans les cinquante dernières années, cette élite elle-même a lentement décliné; elle aussi a été submergée par la société qu’elle a à la fois dirigé et subverti. L’homme révolté est arrivé au bout de ses ressources . Un à un, ils se sont compromis et ont été compromis par leurs milliers de programmes. Personne ne les croit plus et ils sont devenus un stéréotype commercial. Semblable au cow-boy et à l’Indien, au détective privé, au héros de guerre, au bison et à toutes les autres espèces animales disparues. Comme un agent de MCA me l’a dit il y a trois ans, “La Révolte est la marchandise la plus recherchée sur Madison Avenue”. Les programmes sont usés et leurs auteurs embarrassés. La jeunesse en a marre d’eux aussi. Et pourquoi pas. Hitler a réalisé le programme entier du Manifeste du Parti Communiste, et en plus, a fait du Premier Mai un jour férié.

Pour les bolcheviks, la société juste verrait automatiquement le jour si un pouvoir adéquat appliquait un programme adéquat. Mais la question ne se pose pas en termes de pouvoir et de programme: ce qui importe c’est la réalisation immédiate de la nature humaine, maintenant, ici, partout, dans chaque acte et chaque relation sociale. Aujourd’hui, la réalité brute est que la société ne peut plus survivre sans cette réalisation immédiate de la nature humaine. La seule façon d’y parvenir est directement, individuellement, immédiatement. Tout autre moyen n’est pas seulement trop cher mais gripperait la machine. La société moderne est trop complexe et délicate pour supporter un darwinisme social et politique plus longtemps. Cela signifie une action morale personnelle, si vous voulez l’appeler ainsi, une révolution spirituelle. Les prophètes ont prêché la nécessité de la révolution spirituelle pendant au moins trois mille ans et l’humanité ne l’a pas encore entrepris. Mais c’est ce type d’action et ce type de changement que les jeunes demandent aujourd’hui.

Moi-même, qui a plus de cinquante ans, ne peut pas parler au nom des jeunes. Tout m’incline à penser qu’ils vont échouer. Mais là n’est pas la question. Vous pouvez tout aussi bien être un héros si la société s’apprête à vous détruire. Vient un temps où le courage et l’honnêteté deviennent moins chers que toute autre chose. Et qui sait, vous pouvez gagner. L’explosion nucléaire que vous n’avez pas pu éviter ne se préoccupe pas de savoir si vous êtes brave ou pas. La vertu, dit-on, est par elle-même intrinsèquement réjouissante. Vous n’avez rien à perdre, alors rendez les coups.

D’autre part, du fait même que la machine est si vaste et si complexe, elle est plus sensible que toute autre auparavant. L’action individuelle compte. Donnez juste un petit coup à une pièce insignifiante en dessous de la poitrine et lentement il commence à se propager alentour et soudainement arrache des rivets importants. C’est une question de changements qualitatifs. Des milliers d’hommes ont construit les pyramides. Une carte perforée introduite dans un cerveau mécanique décide des questions les plus graves. Quelques cartes perforées font fonctionner des usines entières. La société moderne a dépassé le stade où elle était un monstre mécanique aveugle. Elle est sur le point de devenir un instrument infiniment sensible. 

De même, les premiers coups retournés furent faibles, insensibles. Peu après la dernière guerre, Bayard Rustin est monté dans un bus à Chicago et est allé vers le Sud. Quand il a passé la Mason Dixon Line(3), il est resté là où il était. Les flics l’ont choppé. Il s’est fait “tout mou”. Ils l’ont battu jusqu’à l’inconscience. Ils l’ont conduit en prison, puis à l’hôpital ensuite. Quand il est ressorti, il est monté dans un autre bus et a continué vers le sud. Il a continué ainsi, pendant des mois — parfois en prison, parfois à l’hôpital, parfois, ils le jetaient juste dans le fossé. Puis il est arrivé à la Nouvelle Orléans. Puis Jim Crow(4) a été aboli pour les transporteurs inter états. L’action directe individuelle non violente avait envahie le Sud et avait triomphé. On avait montré aux Noirs du Sud la seule technique qui avait une chance de réussir.

Les choses ont mijoté pendant un temps et, alors, spontanément, venu de nulle part, le boycott des bus de Montgomery s’est matérialisé. Tous les moments de la naissance et du développement de cette action historique ont été largement documentés(5). Heure par heure nous pouvons étudier l’action des “masses” agissant d’elles-mêmes. Ma modeste opinion, bien réfléchie, est que Martin Luther King, Jr., est l’homme le plus remarquable que le Sud a produit depuis Thomas Jefferson — c’est-à-dire depuis que cette région est devenue le Sud. Or la chose la plus remarquable au sujet de Martin Luther King est qu’il n’est pas du tout quelqu’un de remarquable. C’est juste un pasteur ordinaire de l’église noire classe moyenne (ou de ce que les Noirs appellent “classe moyenne”, c’est-à-dire plutôt pauvre selon les critères blancs). Il existe des milliers d’hommes comme lui dans l’Amérique noire. Quand la voix l’a appelé, il était prêt. Il était prêt parce qu’il était lui-même une partie de cette voix. Les Noirs qui se font une profession d’insulter les blancs dans les boîtes de nuit du Nord l’appellerait un ringard. Il était un ringard courageux. Il représente la meilleure illustration du formidable potentiel non exploité de l’humanité, que les blancs du Sud ont rejeté toutes ces années. Il a contribué à la prise de conscience de ce potentiel et à sa réalisation. Il a gagné.

Aucun organisateur extérieur n’a formé la Montgomery Improvement Association. Ils sont arrivés après, mais ils auraient pu tout aussi bien ne pas s’y joindre. Il est très difficile de “prendre le train en marche”, d’institutionnaliser un mouvement qui n’est que l’émanation d’une communauté entière dans l’action. Bien que la force d’une telle action repose sur la loyauté du groupe, l’action est en fin de compte individuelle et directe. On ne peut pas déléguer un boycott ou la non violence. Un comité ne peut pas agir pour vous, vous devez agir par vous-mêmes.

Le boycott des bus de Montgomery n’a pas seulement gagné là où le Zelotisme noir aussi bien que l’Oncle Tomisme, avait toujours échoué, mais il a aussi démontré quelque chose qui était toujours apparu comme pur sentimentalisme. Il est préférable, plus courageux, de loin plus efficace et plus agréable, d’agir avec amour plutôt qu’avec haine. Quand vous gagnez, vous remportez une victoire qui ne pourra pas être remise en cause. Les finalités concrètes passent ou sont oubliées. Les bus sans ségrégation semblent naturels dans beaucoup de villes du Sud aujourd’hui. La victoire morale dans son innocence reste, aussi puissante que le jour où elle a été gagnée. En outre, chaque victoire morale convertit ou neutralise une autre partie des forces adverses.

Avant que l’épisode de Montgomery soit fini, Bayard Rustin et Martin Luther King avaient joint leurs forces. Aujourd’hui, ils sont les hommes d’état d’un ”cabinet fantôme” qui se forme lentement derrière les rouages du pouvoir et ils sont devenus les conseillers et les dirigeants auxiliaires dans les conseils de l’Afrique noire. En Amérique, le dénouement à Montgomery est devenu la source d’où est partie la prise de conscience morale, chez les Noirs d’abord, puis ensuite dans la jeunesse blanche.

Tout semblait se dérouler merveilleusement. Selon les journaux et la plupart des professeurs, 99,44 pour cent de la jeunesse du pays se préparait soigneusement pour le jour où elle pourrait offrir ses jeunes cerveaux à deux étages à GM, IBM, Oak Ridge ou à la Voix de l’Amérique. Madison Avenue avait découvert sa propre minorité révoltée et l’avait domestiquée en mascotte obéissante. Selon Time, Life, MGM et les éditeurs et maisons d’éditions d’une nouvelle pseudo avant-garde, tout ce que voulait ces chers petits rebelles était de se laisser pousser la barbe, écouter du jazz, prendre de l’héroïne et piquer les Cadillac des autres. Pendant que les jeunes des banlieues aisées regardaient les films de cow-boys à la télé, leurs parents frissonnaient devant les films et les romans sur les blousons noirs. Les mécanismes psychologiques étaient les mêmes dans les deux cas – infaillibles et défraîchis.

Mais en fait, quiconque un peu avisé voyageant à travers le pays en donnant des cours sur les campus depuis ces cinq dernières années aurait pu dire que quelque chose de très, très différent couvait. Des centaines de fois, encore et encore, des étudiants bien habillés, modestes, sans barbe, m’ont demandé: “Je suis totalement d’accord avec vous mais que devrions nous faire, ma génération?” Je n’ai été capable de donner qu’une seule réponse à cette question: “J’ai cinquante ans. Vous en avez vingt. C’est à vous de me dire quoi faire. La seule chose que je puis dire c’est: ne faites pas ce que ma génération a fait. Ca n’a pas marché.” Une tête d’orage se formait, les eaux montaient derrière les digues, les digues elles-mêmes, le verrou de l’action, étaient l’épuisement manifeste des vieilles formes. Ce qui s’accumulait n’était pas une sorte de “radicalisation” programmatique, mais une revendication morale.

Entre parenthèse, je dois dire que la légende des Années Trente Rouges grandissait également. Laissez-moi dire (je les ai vécues): en ce qui concerne tous les campus, à l’exception de CCNY et NYU, les Trente Rouges sont un mythe pur. À l’apogée du grand soulèvement, dirigé dans son imagination par le Parti Communiste, ni la Young Communist League ni la Young People’s Socialist League n’était capable de conserver un cadre étudiant opérationnel continuellement sur le campus de l’Université de Californie. Tous les quatre ans environ, ils devaient tout recommencer. Et la direction, les vrais patrons, étaient des fonctionnaires du Parti d’âge moyen, envoyés par le “Centre.” L’un d’entre eux, en beuglant sous l’effet d’une sénilité précoce, s’est montré lors de la récente manifestation contre le Un-American Activities Committee à San Francisco et a scandalisé les étudiants.

Le fait est qu’aujourd’hui les étudiants sont incomparablement mieux éduqués et plus sensibilisés que leurs aînés. Comme tous les jeunes, ils sont encore tentés de croire ce qui est écrit sur le papier. Ces cinq dernières années, ils ont discuté Kropotkin, Daniel De Leon, Trotsky, Gandhi, Saint-Simon, Platon — un mélange incongru, pour chercher la solution. Le fossé entre générations s’est réduit. L’enseignement est assuré par un nouveau groupe de jeunes professeurs, trop jeunes pour avoir été compromis dans les splendides Années Trente, eux-mêmes produits à l’esprit réaliste issus du GI Bill(6) et ni dupes ni compagnons de route, mais étudiants sérieux concernant le passé radical. C’est seulement récemment qu’ils ont fait leur apparition et que la minorité agissante des étudiants a cessé de croire que, par le seul fait de se tenir sur une estrade, un homme mentait ipso facto. Ainsi, se formait l’avant de la tempête, les eaux montaient derrières les digues.

Et puis un jour(7), quatre enfants entrèrent dans un libre service d’une petite ville du Sud et ont fait sauter le bouchon. Quatre enfants se saisirent de la chaîne massive du Mensonge Social et la frappèrent sur son maillon faible. Tout est devenu incontrôlé.

Les enfants avaient gagné à Little Rock(8), mais ils n’étaient pas les initiateurs de l’action, ils avaient été pris dans la tourmente d’un conflit entre des forces politiques de malhonnêteté égale et ils n’avaient remporté qu’une victoire symbolique. Le monde entier s’était émerveillé devant ces visages de braves jeunes gens, beaux sous sarcasmes et les crachats. S’ils n’avaient pas tenu ferme, la bataille aurait été perdue; c’est leur seule bravoure qui l’a gagnée. Mais c’était une bataille dirigée par leurs aînés et comme toutes les querelles de nos jours entre aînés, elle s’est terminée par un compromis vidé de signification morale.

Dès les premiers sit-ins les jeunes ont gardé le contrôle en main. Aucune “autorité extérieure régulièrement constituée” n’a réussi à les rattraper. Les sit-ins se sont répandus si rapidement dans le Sud qu’il était impossible de les rattraper physiquement, mais il fut encore plus difficile pour les bureaucrates routiniers avec des intérêts investis dans les relations entre races et les libertés civiles de les rattraper idéologiquement. Le printemps entier passa avant que les dirigeants professionnels saisissent un tant soit peu ce qui se passait. Entre temps, le vieux leadership avait été mis au rancard. Des jeunes pasteurs juste sortis du séminaire, des jeunes professeurs indépendants dans des universités Jim Crow, des institutrices, des catéchistes de l’Ecole du Dimanche, dans toutes les petites villes du Sud se sont mis à la tâche et à aider, et ont laissé les étudiants les diriger, sans prendre la peine de demander le “feu vert de Roy”(9). En deux mois, le NAACP s’est retrouvé avec un cadre entièrement nouveau issu de la base.

La seule organisation qui comprit ce qui se passait fut le CORE, le Congress on Racial Equality, organisé des années auparavant dans un appartement de Japonais expulsés, “Sakai House” à San Francisco, par Bayard Rustin, Caleb Foote et quelques autres comme une branche d’action directe consacrée aux relations raciales du Fellowship of Reconciliation (le FOR) et du Friends Service Committee. Le CORE était encore un petit groupe d’intellectuels enthousiastes et ils ne disposaient tout simplement pas d’assez de monde pour suffire à la tâche. À ce jour, beaucoup de noirs ne connaissaient rien du CORE, à part le nom qu’ils avaient vu dans la presse noire. Et le simple fait que son programme était l’action directe non violente. Cela n’empêchait pas les étudiants des universités Jim Crow de Raleigh et de Durham d’agir. Ils montèrent leur propre organisation d’action directe non violente et en imitation du CORE lui donnèrent un nom dont les initiales formaient le mot COST. Bientôt, il y avait des “cellules” du COST dans les établissements reculés du pays des collines, avec leurs codes, leurs signes de la main, leurs messagers et tout l’apparat de l’enthousiasme juvénile. Est-il nécessaire de le préciser, les mots mêmes effrayaient follement les dirigeants noirs plus âgés.

La police attaqua à la lance d’incendie et matraquèrent ceux qui participaient aux sit-ins, les Présidents Oncle Tom des universités prisonniers de Jim Crow les expulsèrent par bandes, des étudiants blancs vinrent dans le Sud et insistèrent pour être arrêtés avec les Noirs, des vigiles s’organisèrent devant les grands magasins dans pratiquement toutes les villes universitaires du Nord. Même les magasins qui n’avaient pas de filiales dans le Sud et pas de cafetaria étaient visés jusqu’à ce qu’ils se disculpent de toute complicité avec Jim Crow.

Les effets sur la minorité blanche civilisée du Sud furent extraordinaires. Tous, à de rares exceptions prêt, avaient accepté les vieux stéréotypes. Il y avait des bons Nègres, certainement, mais ils ne voulaient pas se mélanger avec les blancs. La majorité serait ignorante, violente, aigrie, moitié civilisée, incapable d’actions planifiée et organisée, heureux avec Jim Crow. “Cela prendrait deux cent ans de plus.” En l’espace de quelques semaines, dans des milliers de cerveaux blancs, les vieux stéréotypes explosèrent. Voilà les enfants noirs de leurs serviteurs, métayers et éboueurs, qui auraient toujours été satisfaits de leur condition — engagés directement dans la plus grande action morale que le Sud a jamais vu. Ils étaient tranquilles, courtois, pleins de bonne volonté envers ceux qui les injuriaient. Et ils chantaient doucement, tous ensemble, sous les lances d’incendie et les matraques, “Nous ne bougerons pas.” De longues marches de protestations de Noirs silencieux, deux côte à côte, filèrent vers les capitales provinciales. Une grande question morale et historique pouvait se lire dans les yeux de milliers de spectateurs blancs dans les villes du Sud, si enracinés dans leur “way of life” qu’ils n’avaient pas conscience de vivre dans un vaste monde. La fin de Jim Crow semblait soudainement à la fois proche et inévitable. C’est une sensation profondément dérangeante que de se retrouver soudainement propulsé sur la scène de l’histoire.

Je me trouvais au premier sit-in en Louisiane avec une fille du journal local qui m’avait interviewé le matin. Elle était typique, pleine de préjugés moribonds, de désinformation et de craintes superstitieuses. Mais elle le savait. Elle essayait de changer. Le sit-in a fait du bon boulot pour cela. C’était génial. Un groupe de gamins bien élevés, aux visages doux de la Southern University sont entrés dans le magasin, main dans la main, petit copain et fille, par couples, et se sont assis tranquillement. Leurs visages respiraient la tranquillité, l’innocence. Ils ressemblaient à la chorale entrant dans une belle église noire. Ils ne furent pas servis. Ils étaient assis tranquillement, discutant entre eux, Personne, participants ou spectateurs, n’élevait la voix. En fait, la plupart des badauds n’osaient pas les regarder impoliment. Quand la police est arrivée, les jeunes parlèrent doucement et poliment, et une fois de plus, petits copains et filles, main dans la main, sortirent et montèrent dans le panier à salade en chantant un hymne..

La fille du journal était remuée jusqu’aux chaussures. C’était peut-être la première fois de sa vie qu’elle était face à ce que signifiait être un être humain. Elle vînt à la réception qui m’était offerte à la faculté de Louisiana State ce soir-là. Elle était toujours secouée et ne pouvait pas s’arrêter de parler. Elle s’était frottée aux grandes choses de la vie et elle serait toujours un peu différente après cela.

La réponse sur les campus des universités blanches du Sud fut immédiate. Il y avait toujours eu des comités et des clubs interraciaux, mais ils étaient limités à une poignée d’excentriques. Ceux-ci se développèrent de façon extraordinaire, incorporant un grand nombre d’étudiants tout à fait traditionnels. Des manifestations de sympathie avec les sit-ins et des activités communes avec les écoles noires environnantes commencèrent à impliquer des étudiants de l’enseignement public et des syndicats étudiants. Des éditoriaux dans les journaux universitaires, pratiquement partout, leur apportaient un soutien enthousiaste. Croyez-moi, c’est une sacrée expérience que de dîner avec une fraternité d’étudiants modèles d’un établissement du Sud et de voir une boîte pour collecter de l’argent pour le CORE en bout de table.

Plus important que les actions de sympathie envers et avec les Noirs, les sit-ins engendrèrent une étincelle similaire, un feu de broussailles galopant, d’activités de toutes sortes pour d’autres buts. Ils ne provoquèrent pas qu’une activité, ils fournirent la forme et d’une certaine manière, l’idéologie. L’action directe non violente fit irruption partout — si rapidement que les agences de presse ne pouvaient plus en suivre la trace, bien qu’ils présentaient cela infailliblement comme nouvelles nationales les plus importantes du jour. Les actions étaient dirigées vers quelques objectifs: le ROTC(10) obligatoire, la paix, les relations entre races, les libertés civiles, la peine de mort — tous en fin de compte, des questions morales. En aucun cas, ils n’avaient trait à la politique au sens courant du terme.

Ici le ROTC défilait pour le lever des couleurs et trouvait une ligne d’étudiants assis au milieu de la place de parade. Dans une autre école, une marche de protestation paradait autour, dans et entre les rangs du défilé du ROTC, à l’amusement de tout le monde semble-t-il. Dans d’autres écoles encore, les membres enseignant, et même les administrateurs — et à une occasion, le gouverneur, se joignirent à une manifestation contre le ROTC. Il y eut tant de réunions en faveur de la paix et du désarmement, ainsi que de marches, qu’il est impossible d’en faire un tableau exact — il semble qu’il y en eut partout et, pour la première fois, une participation nombreuse. En dehors des campus, les quelques pacifistes qui s’étaient assis devant les bâtiments de la propagande pour la défense civile à New York pour leur “sit out” annuel furent abasourdis par le nombre de personnes qui venait se joindre à eux. Pour la première fois également, les tribunaux et même la police faiblirent. Peu furent arrêtés et très peu condamnés.

L’exécution de Chessman provoqua des manifestations, des réunions, des envois de télégrammes, sur tous les campus du pays. Dans le nord de la Californie, la “base” de toutes les formes de protestation de masse était formée par les étudiants et de jeunes professeurs. Ils fournissaient les cadres, faisaient circuler les pétitions, envoyaient des dépêches, interrogeaient le gouverneur, et maintenaient une vigile permanente aux portes de San Quentin. Toutes ces actions étaient sans aucun doute spontanées. À aucun moment le American Civil Liberties Union ou les organisations traditionnelles contre la peine de mort ne furent à l’initiative, ou ne participèrent même, à une quelconque action de masse, quoi qu’elles aient pu faire par ailleurs. Chessman, bien sûr, avait un impact extraordinaire sur la jeunesse; il était jeune, c’était un intellectuel, voire un artiste dans son genre; avant son arrestation il était le genre de personne qu’ils auraient pu reconnaître comme des leurs, sinon d’approuver. Il n’était pas très différent du héros de Sur la route, qui se trouvait être enfermé à San Quentin en même temps que lui. Comme sa vie arrivait à son terme, il démontra une belle magnanimité dans tout ce qu’il disait ou faisait. Sur tous les campus du pays — du monde, d’ailleurs— il semblait représenter l’exemple typique de la jeunesse “délinquante” aliénée et outrageuse de l’époque d’après-guerre — le produit d’une société délinquante. Pour les jeunes qui refusaient de se laisser démoraliser par la société, il semblait que cette société le tuait seulement pour enfouir sa propre responsabilité sous le tapis. Je suis sûr que pratiquement tout le monde (les partisans de Chessman inclus) âgé de plus de trente-cinq ans a sous-estimé l’effet psychologique du cas Chessman sur les jeunes.

Sur tous les fronts, les tendances brutales et réactionnaires de la vie américaine étaient contestées, non pas sur une base politique, Gauche contre Droite, mais à cause de leur violence morale et leur malhonnêteté manifestes. La forme de contestation la plus spectaculaire fut l’émeute lors des auditions du Un-American Activities Committee (HUAC) à San Francisco. Il ne fait aucun doute qu’il s’agissait d’une manifestation entièrement spontanée. L’idée que ce sont des agitateurs communistes qui la provoquèrent est grotesque. Il est vrai que s’y montra tout ce qui restait comme bolcheviks locaux, une trentaine — des staliniens et deux groupes de trotskistes. Même “le dirigeant des jeunes” qui, vingt-huit ans auparavant, à l’âge de trente ans, avait été nommé à la tête de la YCL, y fit une apparition, hurlant et gesticulant de façon incohérente, donnant un aspect comique à la scène. Personne ne le prit au sérieux. Il y eut un aspect de l’événement qui ne fut pas spontané. C’était l’oeuvre de l’HUAC. Ils ont tout conçu pour cela tourne à l’émeute. Malgré les avertissements et les protestations de la municipalité, ils ont délibérément manigancé une émeute. Et quand survint l’émeute, les émeutiers ce furent les flics qui perdirent le contrôle de leurs nerfs et déclenchèrent l’émeute, si le mot émeute signifie la violence d’une foule incontrôlée. Les gosses s’assirent sur le sol avec les mains dans les poches en chantant “Nous ne bougerons pas”.

Aussi spectaculaire qu’elle fut, il y a des actions plus importantes que l’émeute de San Francisco. Ici et là à travers le pays, des individus isolés surgissent de nulle part et portent leurs coups. Il est presque impossible d’obtenir des informations au sujet des résistants à la conscription, de ceux qui refusaient de s’inscrire, des objecteurs de conscience, mais ici et là, un cas surgit dans la presse locale et, le plus souvent, dans la presse étudiante.

Plus importantes encore sont les actions individuelles de lycéens que seule une paranoïa inguérissable pourrait suspecter d’avoir été organisée. Un gamin de seize ans dans le Queens puis trois autres du Bronx refusèrent de signer le serment de loyauté pour obtenir leur diplôme. Alors que les glorioles sont distribués dans un lycée de la banlieue de New York, un garçon refuse le prix offert par la American Legion. Tout le monde est horrifié par ses mauvaises manières. Quelques jours après, ses prix sont offerts à deux autres garçons classés derrière lui, qui les refusent à leur tour. C’est une action directe spontanée, s’il en est. Et le plus important dans tous ces exemples, c’est que ces gamins lycéens ont dit clairement qu’ils n’avaient pas d’objection envers les serments de loyauté ou la American Legion parce qu’ils étaient “réactionnaires,” mais parce qu’ils étaient moralement méprisables.

Le corps enseignant et les présidents noirs des universités Jim Crow, qui ne s’étaient pas seulement opposés aux sit-ins mais qui avaient également expulsés des douzaines de participants, se trouvaient maintenant face à des campus déserts. Ils se retrouvèrent submergés par une houle de fond d’approbation de la part des parents noirs vis-à-vis des actions de leurs enfants et ils furent ébahis par la sympathie manifestée par de larges strates de la population du Sud blanc. Un par un, ils tournèrent casaques jusqu’à ce que les Oncle Tom qui avaient expulsé des étudiants ayant participé à des sit-ins durant les vacances de Pâques dans d’autres états, vinrent dire en public: “Si votre fils ou votre fille vous téléphone et vous dit qu’il ou elle a été arrêté lors d’un sit-in, tombez à genoux et remerciez Dieu.”

La Nouvelle Révolte de la Jeunesse ne devint pas seulement la nouvelle la plus passionnante depuis des années mais elle atteignit aussi les oreilles de tous les organisateurs retraités, semi-retraités et confortablement installés de toutes les causes perdues ou gagnées depuis longtemps des mouvements ouvriers et radicaux. Tout le monde s’époumonait “C’est comme moi quand j’étais jeune!” et commençait à préparer des formulaires d’adhésion vierge. La AFL-CIO envoya un dirigeant renommé du mouvement Esperanto qui lui rapporta que les gamins étaient peu organisés, confus et peu intéressés par le mouvement syndical qu’ils pensaient, à tort selon lui, moralement compromis. Les groupes locaux de l’YPSL des socialistes thomasite ressortirent de leurs tombes où ils reposaient depuis vingt ans. Des experts de la jeunesse avec des théories au sujet des préoccupations de leurs arrière-petits-enfants, organisèrent des tournées dans le pays. Dissent(11) lança une souscription. Les trotskistes arrivèrent avec des programmes. Tout le monde entra en scène — à l’exception curieusement des Communistes. En réalité, coincés dans leur bureau poussiéreux de New York, ils se trouvaient dans une impasse sans issue dans leur dernier conflit entre fractions. Bien que le mouvement soit une explosion spontanée d’action directe non violente, les pacifistes et les libertaires ne plaisaient pas trop. Ils mirent tout le monde en ordre de bataille et Liberation parut avec un article définissant la Ligne correcte et soulignant les erreurs des idéologiquement immatures.

Comme les gosses retourneront à l’école à l’automne, c’est cela le plus grand danger auquel ils auront à faire face — toutes ces aides avides venues de l’autre côté de la barrière des âges, tous ces cuisiniers avec chacun une recette éprouvée pour le bouillon. À travers le monde entier, l’agitation mijote sur les campus. En Corée, au Japon et en Turquie, les étudiants ont manifesté et renversé les gouvernements, et ils ont humilié le Président de la plus grande puissance de l’histoire. Jusqu’à maintenant, le mouvement est encore diffus, un soulèvement mondial de dégoût. Même au Japon, les Zengakuren, qui eux, se réfèrent à une sorte d’idéologie — le communisme de gauche contre qui Lenine a écrit son fameux pamphlet — ont été incapables d’agir comme des meneurs. Ils ont échoué à imposer un rôle dirigeant, leur organisation et leurs principes au soulèvement encore chaotique. En France le mouvement officiel néo-gandhien, allié avec certaines sections de la gauche catholique, semble avoir fourni quelques orientations et avoir rempli une sorte de rôle de leadership. Je suis tenté de croire que cela provient de l’ignorance quasi totale de la jeunesse française de cette génération — obligée d’aller aux sources officielles pour obtenir une information et des conseils.

Est-ce en fait un soulèvement “politique”? Pour l’instant, non — il s’agit d’un grand rejet moral, une sorte de vomissement de masse  Chacun sait dans le monde entier que nous sommes à la veille de l’extinction et que personne n’agit à ce sujet. Les gosses en ont marre. Les grands problèmes du monde d’aujourd’hui sont une paix mondiale immédiate, une égalité raciale immédiate et aide massive immédiate pour les anciens pays colonisés. Tous pourraient trouver une solution grâce à quelques actes significatifs faisant preuve de courage morale de la part de hommes au sommet de l’échelle. Au lieu de quoi, les dirigeants des deux grandes puissances s’injurient l’un à l’autre comme des gamins pris la main dans le sac. Leurs partisans bâtissent des défenses élaborées idéologiques et militaires du socialisme marxiste et du capitalisme laissez-faire, ni l’un ni l’autre n’ayant jamais existé sur terre et qui n’existera jamais. Pendant que le Zengakuren hurle dans les rues, Kroutchev prononce un discours à l’occasion de l’anniversaire de Le gauchisme, maladie infantile du communisme de Lénine, l’utilisant pour attaquer — Mao! Pendant ce temps, un gamin se lève dans une école de banlieue de New York et refuse dédaigneusement son prix “patriotique”. Il en a marre.

KENNETH REXROTH
1960

 


NOTES DU TRADUCTEUR

1. Caryl Chessman est né en Californie le 27 mai 1921. Condamné à mort pour 17 chefs d’accusation, allant du vol au kidnapping, il attend pendant 12 ans son exécution.. Il écrivit quatre livres pour sa défense et raconter ses années de prisons. Tous furent très populaires. Il fut exécuté le 2 mai 1960.

2. David Sarnoff (1891-1971): homme d’affaire américain. Il a défendu, soutenu, financé et supervisé le développement de la radio dans les années 1910 et 1920 et celui de la télévision durant les années 1950. John Edgar Hoover (1895-1972): directeur du FBI de 1924 à sa mort. Allen W. Dulles (1893-1969): directeur de la C.I.A de 1953 à 1961.

3. La Mason–Dixon Line (ou “Mason and Dixon’s Line”) est à l’origine la ligne de démarcation entre États esclavagistes et anti-esclavagistes. Elle est devenue une ligne symbolique supposée marquer la frontière culturelle entre Nord et Sud des Etats Unis.

4. Lois ségrégationnistes des États du Sud pour contourner les droits des Noirs acquis constitutionnellement ou par le Civil Rights Act de 1866. Par extension, devenu un adjectif. Les universités Jim Crow étaient des universités du Sud ne comprenant que des étudiants noirs.

5. Parmi de nombreux autres, “The Montgomery Bus Boycott” par Lisa Cozzens — http://www.watson.org/~lisa/blackhistory/civilrights-55-65/montbus.html.

6. Le GI Bill, officiellement connu sous le nom de Servicemen’s Readjustment Act, a été signé par le Président Roosevelt le 22 juin 1944. Il était destiné à faciliter la réinsertion des hommes qui revenaient au pays après la guerre, en leur facilitant l’accès au logement, à la santé, à l’éducation et au travail.

7. Rexrorth fait référence au 1er février 1960 où quatre étudiants noirs refusèrent de quitter la cafétaria d’un magasin Woolworth à Greenboro en Caroline du Nord après qu’une serveuse ait refusé de les servir.

8. Le 4 septembre 1957 à Little Rock (Arkansas) la milice de l’État interdit l’entrée du lycée aux élèves noirs. Le 25 septembre 1957, Eisenhower envoie 1 000 paras pour protéger neuf lycéens noirs et leur permettre de suivre les cours. Après une longue lutte, les lycées de Little Rock sont réouverts le 12 août 1959, dans le respect de la déségrégation.

9. Roy Wilkins, dirigeant du NAACP.

10. Reserve Officer’s Training Corps: Programme délivré dans beaucoup d’universités et de collèges, pour préparer les étudiants à devenir officiers.

11. Magazine fondé en 1954 par Irving Howe et qui existe toujours.



Version française de Beginnings of a New Revolt, traduite de l’américain par Didier Mainguy (2006). Cet essai, intitulé à l’origine “The Students Take Over,” a été d’abord publié dans The Nation (2 Juillet 1960). Il a été réédité dans Assays (1961) et World Outside the Window: Selected Essays of Kenneth Rexroth (1987). Copyright 1987 Kenneth Rexroth Trust.

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