(Ébauche de traduction)
Je vous ai fait [implicitement] un compliment: jai présumé que vous voulez dire ce que vous disez.
Nero Wolfe
[= personnage des romans policiers de Rex Stout]
Opinions de :
David Jacobs et Chris Winks (ex-Point-Blank)
Anonyme (Nouvelle Angleterre)
Michael Bradley et Michel Prigent
Yoshiharu Hashimoto
Isaac Cronin
Michel Prigent
Greil Marcus
International Correspondance (Hong Kong)
Bill Brown (Not Bored)
Grant Emison
Morgan Gibson
Trevor Carles
Nelson Foster
Left Bank Books
John Zerzan
Unru Lee
John Zerzan
Aufheben
Eugenia Lovelace
Fifth Estate
Bien que la production théorique de lAxe knabbiste ne représente que très peu sur le plan de la présentation conceptuelle, elle a atteint une certaine prééminence au sein du mouvement situationniste américain en vertu de sa seule prolifération, de sa capacité à maintenir au moins lapparence dun projet toujours en cours. [...] Dans Double-Réflexion, la théorie paraît comme métathéorie, comme, au sens restreint du terme, une théorie de la théorie et une théorisation de la théorisation. Ce rétrécissement intentionnel du champ de la recherche critique marque un recul sur le plan historique de lanalyse. [...] Les entreprises critiques du Bureau des Secrets Publics et de ses alliés mènent au grand projet dune Phénoménologie (sic) de laspect subjectif de lactivité pratique-critique. [...] Cette banalisation de la théorie apparaît non seulement dans la parodie rudimentaire du système hégélien de la part de Knabb, mais aussi dans sa psychologisation simpliste de lactivité pratique-critique. Dans le cosmos knabbiste, qui est étonnamment imperméable aux changements historiques, le théoricien devient le sujet dexpériences qui se développe en permanence à travers une suite de moments subjectifs, pour arriver finalement au but ultime de réalisation. Ce développement, bien que irrégulier, nest guère dialectique: malgré son mimétisme hégélien, Knabb nessaie pas même une construction qui serait parallèle à celle de la Phénoménologie de Hegel. On ne trouve pas dans sa pseudo-phénoménologie linterprétation du monde comme il apparaît au sujet; il ny a aucun mouvement qui serait analogue à la progression de la conscience naïve de la certitude-du-sens vers la compréhension, en passant par la perception. [...] Dans son affiche Les aveugles et léléphant, Knabb veut lui-même jouer le rôle de conservateur du mouvement situationniste; comme personne en dehors de lui-même et de ses associés nest capable dinterpréter le projet situationniste, Knabb se charge de la tâche dexpliquer lI.S. et de traduire ses textes. [...] Ce nétait évidemment pas par hasard que le groupe Point-Blank savérait une cible prioritaire du mépris des knabbistes: nous, ainsi que plus tard Diversion [= revue et étiquette publique de Jon Horelick], représentions la menace la plus formidable à leurs ambitions hégémoniques. [...] Si nous reconnaissons léchec de Point-Blank, ce nest certainement pas en donnant raison à nos anciens antagonistes. Nos intérêts présents sont en dehors du mouvement situationniste.
David Jacobs et Chris Winks, At Dusk: The Situationist
Movement in Historical Perspective (Berkeley, août 1975)
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Le fait quils donnent leurs noms publiquement, est vraisemblablement un moyen pour démystifier lactivité, pour enseigner cette leçon élémentaire mais généralement peu reconnue que la théorie et la pratique sont le fait de vrais individus. En outre, leur auto-présentation publique à travers le temps fournit une sorte de continuité, des données qui pourraient être utilisées par dautres étudiant et créant ainsi de lactivité et de la théorie situationnistes. [...] Laffiche Avis à propos de la société dominante et de ceux qui la contestent a découragé les lecteurs oisifs décrire des lettres inconséquentes aux signataires de celle-ci, en les encourageant plutôt à leur démontrer leur accord en réalisant leurs propres actions publics. [...] Ils se sont attelés à une tâche difficile, en s'attaquant à la manifestation dun problème central. Cest-à-dire que, dans la mesure où un rebelle parvient à obtenir des succès provisoires, il y aura dautres gens qui, en se réjouissant de ces réussites, risqueront de sen satisfaire relativement et de se contenter dattendre (toujours de la part des autres) de nouveaux succès du même genre; tandis que les leaders, se rendant compte de la stérilité des suiveurs, auront tendance à voir dans le rapport hiérarchique qui se développe une justification du maintien de leur propre rôle. [...] Au début de ce siècle ce processus était si peu appréhendé que le mouvement révolutionnaire sest décimé sans avoir pris les mesures organisationnelles anti-hiérarchiques les plus élémentaires. Or il est assez évident que la destruction de ce processus exige la destruction de tout spectacle. Ce qui est difficile d'accomplir pour sept individus en face de spectateurs qui ne sont que trop friands de spectacle. [...] Pour aborder ce problème, les signataires de l Avis utilisent une version enrichie de cette technique qui consiste à inviter les gens à se mettre de la partie: [...] tout en insultant le lecteur passif, ils lui offrent, peut-être intentionnellement, certains défauts qu'il pourrait être tenté dattaquer publiquement.
Diverse Comments on the Public Activity of the Bay Area
Notice Comrades
(article dans une brochure anonyme,
Nouvelle-Angleterre, juillet 1976)
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Cette brochure prône lhumanisation de la vie quotidienne et la réalisation de la religion. La super-réforme du détestable et du dégoûtant; lappel pour [lexigence de] la compassion et la magnanimité dans un monde répugnant [lit: de répugnance] nest quune mauvaise blague. [...] Tout comme la révolte des esclaves (Spartacus) a choqué le monde de lantiquité (premier siècle avant-J.C. en Italie), au point de produire un Messie adventiste millénaire (Jésus le Crapaud de Nazareth), et a collé Judas Iscariote avec la dette mauvaise [méchante] pour son sacrifice, le projet révolutionnaire féroce et méchant [sale/vilain] depuis les années soixante suscite [has been arousing] des cultes messianique semblable, dont celui de Knabb est un. La cruauté est moins nuisible que lindulgence et la fausse compassion. Telle compassion envers des rôles et lidéologie nest que la complicité et la commisération. LA GUERRE DES CLASSES DOIT ÊTRE GUERRIÈRE. Nos ennemis savent bien [comment] exploiter notre humanité et notre sympathie. Mort à tous les exploiteurs, pas de clémence!
Michael Bradley et Michel Prigent,
The Catalyst Times no. 0 (Londres, juillet 1977)
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Aucun anarchiste ne réfute ni jète une diatribe contre Proudhon, Bakounine, Kropotkine ou la C.N.T. espagnole comme vous lavez fait, à moins quil soit un marxiste, un ultra-nationaliste et un libéral ignorant. [...] Vous savez, comme tout le monde, qu à Rome il faut vivre comme les Romains. Vous lavez fait bien pauvrement, tout comme certains anarchistes japonais.
Yoshiharu Hashimoto, Réponse à un situationniste
Libertaire (Tokyo, novembre 1977)
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Lhiérarchie des situationnistes américains était divisée selon les lignes traditionnelles: Au sommet était [lit: est assis] Knabb, le pape malgré lui [à contrecoeur], tantôt encourageant lautonomie, tantôt intervenant [sinterposant] avec bienveillance, suivant ce qui lui semblait être laction qui maintiendrait mieux et la famille de rapports sociaux dépendants et un minimum de production publique. [...] Sa brochure Double-Réflexion est centrale [essentielle] pour la compréhension des situationnistes américains. Il y a concentré et solidifié leur image de la pratique révolutionnaire comme [une] série de techniques [acquirable] transmises hiérarchiquement au moyen dun apprentissage dirigé qui a créé une communauté avec ses propres critères de conduite et de jugement. [...] Son texte récent, La réalisation et la suppression de la religion, est un moment étonnamment conscient [intentionnel] de cette réformation superficielle, qui rejette ouvertement les déterminants objectifs de la lutte anti-étatique allant jusquau point dadopter le point de vue du spectateur éclairé, pour mieux lui attirer dans le [son] camp. [...] Il ménage [lit: caresse doucement] ces gens qui ont eu le bon sens dabandonner [ignore] la société pour aller ailleurs tout seul [...] tout en laissant ouvert pour lui-même le rôle de théoricien au cas où ces gens chercheraient quelques conseils sur le contexte social de leurs luttes. Nous qui connaissons Knabb personnellement pouvons reconnaître que chaque fois quil élargit sa conception [de ce qui constitue] des luttes sérieuses, cela se conforme de plus en plus étroitement à sa propre vie [étroite] et à ses propres préoccupations étroites. Il ne peut jamais abandonner les tactiques manipulatrices quil prétend déplorer, parce que sous son extérieur humble gît [comme contrepartie/autre face] une arrogance insondable basée sur une croyance en une vérité absolue: lui-même.
Isaac Cronin, The American Situationists: 1972-77 (Berkeley, février 1978)
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La publication récente de Ken Knabb intitulée Situationist International Anthology exige quelques mots critiques pour remettre à sa place ce con prétentieux. Mais ce qui frappe surtout quand on examine cette anthologie, cest la manière dont elle est mise au point. Le lecteur anglophone ne peut lire que ce que Knabb a choisi. En le faisant, Knabb a mis son propre marque [cachet/sceau] sur cette anthologie, la concordant à ses perspectives idéologiques. Ce nest quune knabbisation. Un jour quand lintégrale de la revue Internationale situationniste est rendu disponible en anglais, précisément comme elle est en français, ni plus ni moins, tout le monde pourra constater que lanthologie de Knabb nest quune pauvre traduction des textes originaux, aujourdhui elle nest quun fatras ennuyant dans les mains de cet éditeur. [...] Ce que ce Saint oublie de dire à ses lecteurs, cest ses propres contradictions, ses propres erreurs, sa propre confusion, en fait sa propre stupidité quil a distribué dans de nombreuses néo-brochures pendant plus que dix ans. [...] Nimporte qui possédé dun peu perspicacité critique peut voir que Knabb est un con et un bêcheur berkeleyan. Voilà quelques exemples de cette knabberie, en fait tous auraient pû être inclus dans son/ses Blind Men and the Elephant [Aveugles et léléphant]. Il est honteux de sa part davoir tiré le rideau californien sur [lit: balayer sous la carpette] toute cette fausse conscience, il ne nous reste donc rien que de couper lherbe sous ses pieds déditeur [lit: retirer la carpette den dessous de ses pieds]. Dans la brochure La réalisation et la suppression de la religion, éditée en 1977, Knabb allait jusquà dire: Quand les situationnistes traitent de la religion, ce nest généralement que sous ses aspects les plus superficiels et les plus spectaculaires, voilà un mensonge, une [de la?] pure foutaise [fouterie]. Cet étudiant de la révolution, comment peut-il [oser] dire de telles choses tout en incluant par exemple le texte de Vaneigem, Banalités de base, qui traite largement de Dieu, de la religion et de laliénation moderne. [...] Le révérend Knabb aurait dû peut-être aller à Jonestown (Guyane), le massacre orchestré par cet autre prêtre-salopard nommé Jones a en effet contradit la manie interventionnelle de Knabb, cétait une autre ironie de lhistoire et il a tombé sur la tête épaisse [avoir un thick head = être andouille/bas-de-plafond] de Knabb! Et malgré tout il continue à distribuer son texte merveilleux sur la religion. Et bien sûr tout cela nest pas mentionné dans son anthologie, cest dégoûtant. Knabb doit essayer dintervenir, armé de sa nouvelle Bible, à Salt Lake City [base des Mormons] ou bien sur le terrain de tous les revivalistes chrétiens, y compris le répugnant Billy Graham. [...] Quelques années plus tôt il est allé jusquà admettre dans son Bureau of Public Secrets (une sorte de lavette) quil avait été un obsédé [fétichiste] des livres [eu un fétichisme pour les livres] maintenant enfin il a un autre fétiche son anthologie avec son nom sur la couverture et il est même connu dans la Bibliothèque du Congrès [équivaut à la Bibliothèque Nationale, doù on reçoit un numéro bibliographique qui favorise la diffusion en bibliothèques], pourquoi pas en envoyer un exemplaire à Reagan?! [...] M. Knabb dans sa revue dite Ligue de Misère secrète, nous a donné encore plus une perle à en rire, et sacré nom nous avons ri, il a envoyé un télégramme à lui-même, aujourdhui il pourrait faire la même chose pour se féliciter de sa nouvelle entreprise [réussite]. Cest pitoyable. [...] Lors de la chute du dernier chah dIran, notre Saint a publié une affiche intitulée La brèche en Iran (sans doute un lapsus!). Nimporte qui possédé dun peu de bon sens aurait su ce qui allait arriver dans cette partie du monde, était un cauchemar. [...] Knabb a en fait pris son schéma tout prêt de sa valise et sest mis à lappliquer à lIran, le résultat était un désastre qui na pas aider la critique de la religion dans ce pays-là.
Michel Prigent, Biography of the Anthologer (brochure, London, avril 1982)
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Si lInternationale Situationniste est connue aux États-Unis [ce quil ne lest à peine], cest principalement comme un petit groupe de provocateurs dadaistes qui avait quelque chose à voir avec la révolte de mai 1968 en France. Le nom a paru ça et là dans des discussions de punk parce que Malcolm McLaren, limpresario des Sex Pistols, était censé davoir quelque rapport avec les situationnistes. [...] On disait que les situationnistes, ce sont des gens un peu comme les Yippies. Ou les Motherfuckers de New York. [...] Ou bien lÉcole de Francfort [...], qui avait au moins à peu près les mêmes idées, non? La Situationist International Anthology résultat de plusieurs années de travail par Ken Knabb, un étudiant américain du groupe fait comprendre que lInternationale Situationniste était quelque chose de bien plus intéressant: peut-être la bande dextrémistes la plus lucide et la plus aventureuse du dernier quart de siècle [= depuis 25 ans]. [...] Cest vraiment stimulant de lire ce livre de confronter un groupe qui était déterminé à se faire des ennemis, à brûler des ponts, à se priver [refuser] des récompenses de la célébrité, à trouver et à maintenir sa propre voix dans un monde où, semblait-il, toutes les autres voix de résistance culturelle ou politique sétaient compromises ou bien étaient tellement dépourvues de conscience quelles ne se rendaient même pas compte de leurs compromissions. [...] La Situationist International Anthology ne présente pas le texte intégral de la revue situationniste, et elle na pas dillustrations. Mais les traductions sont claires et lisibles parfois trop littérales, parfois brilliantes [inspirées]. Complètement auto-éditée, lanthologie est mieux faite [composée/construite/présentée] que la plupart des livres édités [aujourdhui] par les maisons commerciales. Il ny a presque pas de coquilles; lindex est bien fait, il y a des annotations brèves mais utiles, et la conception [plan visuel], la reliure et limpression sont toutes excellentes. Cest-à-dire que, par contraste avec la plupart des autres éditeurs de textes situationnistes en anglais, Knabb a pris ces textes au sérieux et les a permis de parler avec à peu près leur autorité originelle. [...] En comparaison de lécriture dans la Situationist International Anthology, la quasi-totalité de la pensée politique et esthétique actuelle semble lâche, auto-protectrice [?], carriériste et complaisante. Ce livre est un moyen vers/pour une reprise de lambition.
Greil Marcus, Village Voice Literary Supplement (New York, mai 1982)
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En 1978, après avoir rendu visite aux 70 à Hong Kong, le situationniste américain Ken Knabb a écrit une critique du groupe intitulée A Radical Group in Hong Kong. [...] Malgré nos perspectives extrêmement différentes, nous croyons que la plupart de ses critiques sont bien fondées. Dans la belle tradition libertaire qui consiste à refouler les critiques et éviter toute auto-critique (ce qui doit faire se retourner dans sa tombe Bakounine), les 70 nont jamais cru quil vaudrait la peine dy répondre. (Certains de leurs connaissances étrangères leur ont même écrit pour exprimer leur désapprobation de lintervention de Knabb!)
International Correspondence, Open Letter on Our Split from
Undercurrents/Minus
(Hong Kong, juillet 1982)
[Lettre ouverte sur notre scission de Undercurrents/Minus [revues éditées par les 70]]
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Toute personne qui nest pas capable de lire le français et qui sintéresse maintenant à lInternationale Situationniste est redevable [en quelque sorte] à Ken Knabb. Cest lui, presque tout seul, qui a introduit les écrits de lI.S. aux États-Unis. (Bien entendu, Leaving the Twentieth Century: The Incomplete Work of the SI, de Christopher Gray, les avait introduits en Grande-Bretagne en 1974. Mais le livre de Gray nétait pas bien traduit, et sa sélection de textes ne constituait pas un échantillon représentatif; en plus, ce nétait pas bien diffusé aux États-Unis.) [...] Je regrette davoir dire que les autres ouvrages de Knabb ne sont en général que des conneries. [...] Éloge de Kenneth Rexroth a lapparence dune revue de poésie, mais son style fait penser à celui dune thèse de doctorat, ce qui est parmi les choses les moins poétiques [qui existent]. [...] Le livre de Knabb veut faire connaître la vérité sur Rexroth quil est sous-estimé et que plus de ses livres doivent être réédités mais il entend également le critiquer, et cela précisément sur les points que lauraient fait les situationnistes [lit: à partir des bases/raisons que les situationnistes avaient fait les leurs]. Daprès Knabb, Rexroth ne comprenait pas le spectacle, et ainsi il na pas compris la révolte de mai 1968 en France. Mais on sen fiche sil lait comprise ou non. [...] La deuxième connerie que Knabb ma envoyée, cétait un petit texte intitulé La guerre et le spectacle, quil a écrit, édité et diffusé en avril 1991. (Pourquoi si tard, Ken? La guerre au sol [ground war] est déjà achevé le 28 février.) Il commence avec cette phrase: Lorchestration de la guerre du Golfe fut une démonstration éclatante de ce que les situationnistes appellent le spectacle le développement de la société moderne parvenue au stade où les images dominent la vie, ce qui doit être [= est certainement] une des phrases les plus rebutantes de tous les temps. Pas seulement est le ton approprié pour les écoliers, et la définition du spectacle simpliste, mais lidée semble être que les événements récents démontrent que les situationnistes avaient raison. [...] Repose en paix, Ken: les situationnistes avaient bien raison. Et toi aussi, dans un sens, quand tu écris: Il sagit de saper les fondements {du rapport spectacle-spectateur} de combattre le conditionnement qui avant tout prédispose les gens aux manipulations médiatiques. Mais comment?
Bill Brown, Ken Knabb, R.I.P. [quil repose en paix],
in
Not Bored no. 19 (Rhode Island, juin 1991)
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Bien des gauchistes [...] se méfient de linteraction avec le monde extérieur de peur quil corrompe la pureté de leurs moyens. Une de leurs plus grandes peurs, cest que leurs activités et leurs croyances soient récupérées dans la structure du statu quo. Larticle La guerre et le spectacle, [quon avait trouvé dans la revue Anarchy et] reproduit dans le présent numéro du Thistle, exemplifie ce souci, avec son avertissement que létincelle des protestations contre la guerre risque dêtre étouffée par des mouvements politiques organisés qui prônent des choses inutiles [lit: hors de propos] telles que dencourager les gens de sinscrire pour voter. [...] Si nous renonçons la participation dans les organisations structurées et hiérarchisées, nous risquons de déformer nos persectives sur le monde et de déjouer nos tentatives de réaliser dimportantes changements progressistes.
Grant Emison, The Thistle (Massachusetts, 28 août 1991)
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Ken Knabb parvient à lessence de Rexroth à travers ses idées, en citant quelques poèmes mais surtout des extraits bien choisis de sa prose. Il communique tout aussi bien comment Rexroth parlait, sa façon de badiner agréablement avec des gens ou dadopter un mode théâtral ironique pour faire part de ses remarques sans trop demphase. Oui, il était parfois exactement comme ça. [...] Avec beaucoup de perspicacité Knabb signale [examine/monte/établit] les rapports entre les principaux thèmes de Rexroth érotisme, mysticisme et révolution montrant comment Rexroth a constamment établi un lien entre ces sujets et bien dautres tout aussi disparates et en apparence incongrus civilisation et nature, érotisme et mathématique, rapports intimes et histoire universelle, contemplation visionnaire et fêtes danniversaires, rythme poètique et équitation, par exemple. Knabb est espécialement perspicace dans son analyse de la théorie et la pratique révolutionnaires de Rexroth, son anarchisme bouddhiste, son personnalisme communitaire, ses affinités avec Martin Buber. [...] Son principale critique de Rexroth porte sur linsuffisance de ses conseils relatifs aux révoltes massives de la fin des années 60, quand Rexroth avait conclu que la liberté individuelle, la poésie, la chanson et les arts en général étaient plus efficaces pour la subversion de la société oppressive que ne létait laction sociale. Knabb soutient que même les arts de la révolte ont été récupérés dans le barrage de spectacles qui maintiennent le statu quo, thèse développée davantage [en plus de détail] dans sa Situationist International Anthology et [dans ses] autres publications. Rexroth aurait pû être heureux dentendre des critiques si intelligentes, mais qui peut dire quelles auraient été ses réponses précises? La seule chose qui me laisse un peu mécontent [peu satisfait], cest que le livre est trop court pour offrir des explications complètes des idées de Rexroth. [...] Comme Eliot Weinberger [un autre écrivain qui a loué Rexroth], Knabb pense que les écrits de Rexroth exige peu dexplications. Peut-être pas pour des gens comme eux, qui ont lu plus que la plupart des critiques littéraires. Mais autant que je sache, personne, dans le monde universitaire ou ailleurs, na lu autant que Rexroth. [Donc:] Lessentiel de beaucoup de ses allusions pourrait être clair, mais les processus de sa pensée imaginative ne se comprennent pas si facilement. Il nous faut plus dexplication de son oeuvre, pas moins.
Morgan Gibson, Poetry Flash (Berkeley, janvier 1992)
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Jusquici le développement de la critique radicale de la religion a été insuffisant, à lexception de La réalisation et la suppression de la religion de Ken Knabb. Nallant jamais ou rarement au-delà dun matérialisme vulgaire, le quelques contributions à cette critique qui existent ne parviennent presque jamais à la racine de la question. En sattaquant à la forme de la religion, elles en oublient le contenu. Mais le fait que la religion a certaines caractéristiques, et quelle joue un certain rôle dans une forme sociale donnée, ne veut pas dire quelle soit limitée à celà. [...] La brochure de Knabb est la seule tentative dans le milieu radical de saisir ce quil y a dans la religion qui répond au [= trouve une résonance dans le] coeur humain. Affirmant quil faut découvrir le contenu qui sexprime dans les formes religieuses, il critique le développement antérieur de la critique pour son échec à cet égard. [...] Sur le plan pratique et personnel, sa notion du projet révolutionnaire comme foyer actuel de ce qui a du sens prend la forme du détournement affectif. [...] Je comprends celà comme la théorie qui se pratique, comme une sorte de psychanalyse reichienne appliquée à soi-même. Il ne sagit pas de changer le monde en nous changeant nous-mêmes; Knabb affirme explicitement que toute libération individuelle est vouée à léchec si elle na de liens avec la pratique historique. Mais ses efforts pour parvenir à quelque authenticité sous larmure caractérielle semblent avoir quelque chose de mystique; la lecture de son Le Détournement affectif, une étude de cas ma rappelé du mystique chrétien espagnol, Saint Jean de la Crois, qui voulait ne rien désirer pour désirer tout, ne rien aimer pour aimer tout.
Trevor Carles, Notes on Religion, in Lantern Waste
no. 1
(Petersham, Australie, septembre 1992)
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Jai bien aimé tes Leçons fortes cest vraiment excellent. Le manque danalyse ou pour le dire sans phrases, la pure naïveté de loeuvre du Buddhist Peace Fellowship ma rendu dingue récemment [has been driving...]. [...] Par hasard, jai parlé avec un membre du conseil dadministration du B.P.F. et je lui ai mentionné ton tract, sur quoi il ma dit quil avait déjà organisé une réunion pour le discuter! [...] Jespère quil y aura une réponse substantielle.
Nelson Foster (maître zen et co-fondateur du B.P.F.), novembre 1993
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Nous avons circulé ton dernier tract dans la ville et il a eu un grand retentissement. Un groupe bouddhiste était bien ébranlé. Ce groupe essaye, paraît-il, dexclure les membres qui ont proposé une discussion de ton texte. Ces membres entachés [impurs/infectés] en ont également envoyé des copies à leurs associés à New York, ce qui y a créé un autre chahut.
un travailleur de Left Bank Books (Seattle, mai 1994)
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Une des choses les plus frappantes de ce gros volume, loeuvre maitresse de Ken Knabb, cest quil est si fermement enlisé dans le passé. Knabb est intelligent et il sait bien sexprimer, mais il reste surtout un situationniste du plus orthodoxe. Le temps semble sêtre arrêté pour lui depuis la dissolution de lInternationale Situationniste en 1972. Lindex de dix pages de Public Secrets contient environs 800 noms et sujets, et cependant je ny trouve un seul qui ne date après les années 70, et principalement vers leur début. Cest en effet pendant cette décennie-là quont été écrit la plupart des tracts et brochures de Knabb, qui constitue la moitié du livre.
Le reste de Public Secrets est principalement une ébauche, mesuré et sans jargon, dune révolution politique qui inaugurait lautogestion généralisée, basée sur le modèle des conseils ouvriers traditionnels. Dans un argument qui fait penser du Post-Scarcity Anarchism de Murray Bookchin (1971), Knabb prétend que nous avons maintenant le développement matériel quil faut pour une révolution égalitaire et écologique. Il ignore le fait que le cours de ce développement technologique a été lincarnation matérielle de linégalité et la destruction de la nature, inséparable[s?] de la domination et la division sociales et politiques.
Comme dautres prescriptions pour lautogestion, celle de Knabb met laccent sur le processus démocratique, tout en négligeant ce qui est géré. Celà revient à laliénation autogéré, parce quil sagit du contrôle ouvrier dessentiellement le même système fondamental que nous subissons actuellement, sauf, on espère, pour des excès comme la guerre, la famine et Kathie Lee Gifford. [##?]
Le paysage social ébauché par Knabb emploiera des crédits au lieu de largent, mais à part ça il ne serait pas qualitativement différent que ce qui existe maintenant, y compris lexpertise spécialisée et la coordination de la production mondiale informatisée.
À première vue, Public Secrets semble bien différent que la récente fulmination [polémique] de Bookchin, Social Anarchism versus Lifestyle Anarchism (1995). Présentant son conseillisme dans un style calme, doux et prudemment modeste, Knabb évite toute discussion substantielle de la pensée critique des 25 ans depuis le départ de lI.S. Par contraste avec de gentil ennemi de lÉtat, Bookchin rage et pérore ad hominem, lançant des dénonciations détaillées des dégénérescences quil pense affligent le milieu anti-authoritaire. Cependant, sous les différences stylistiques ces deux auteurs sont unis [as one], élevant [tenant haut] le flambeau gauchiste du passé pour allumer la voie vers leur vision (sic) de lavenir.
Ni lun ni lautre nanalyse vraiment le présent sa magnitude dappauvrissement [immiseration] psychique, lincroyable misère de la culture post-moderne omniprésente [qui pénètre généralement], les raisons pour lesquelles le gauchisme a pratiquement disparu, les exigences vraiment pathologiques du techno-capital contemporain. Ils ne reconnaissent non plus les éléments de base [fondateurs] de notre situation cauchemardesque actuelle, y compris la division de travail, la culture symbolique, la domestication, le Progrès et lindustrialisation, parmi dautres. Le livre de Knabb, comme celui de Bookchin, est en quelque sorte un chant du cygne, cest une ode à une contestation limitée et en traîn de disparaître qui a un besoin urgent de se dépasser.
Public Secrets a lair lucide et raisonnable, et il est présenté dun ton efficace et modeste. Mais je suis deçu que son intelligence et sa sensibilité évidentes sont aveuglées aux exigences urgentes de la réalité actuelle. Comme les choses empirent [se détériorent] manifestement et dramatiquement, il semble que nous avons plus besoin dapprofondir la compréhension quil faut aller bien plus loin que nous navions pensé dans les années 60, plutôt que de présenter (ne fût-il dune façon discrète et non pas sans éloquence) une recette tirée de notre passé idéologique.
John Zerzan, Anarchy no. 43 (Missouri, printemps 1997)
Quand il sagit de notre belle société moderne, je suis ce quon appelle un personnage peu coopératif, je suis paresseux-subversif, plutôt petit-malfaiteur syndicaliste quanarcho-syndicaliste. Je parierais que les gens de lâge paléolithique, et avant, se sont la couler douce [avaient le filon] en comparaison de nous. Je nai donc aucune tendance dêtre emballé [enthousiasmé] par des propositions dune révolution sociale basée dune manière optimiste sur lhéritage du développement matériel moderne. Cependant, le compte-rendu par Zerzan du nouveau livre de Knabb a donné une fausse impression de ses idées sur la révolution, idées qui ont en fait un certain intérêt.
Daprès Zerzan, Celà revient à laliénation autogéré, parce quil sagit du contrôle ouvrier dessentiellement le même système fondamental que nous subissons actuellement. (...) Le paysage social ébauché par Knabb emploiera des crédits au lieu de largent, mais à part ça il ne serait pas qualitativement différent que ce qui existe maintenant. Mais en effet Knabb dit explicitement: Le syndicalisme et le conseillisme traditionnels ont eu une trop grande tendance dadmettre la division de travail existante, comme si la vie dans une société post-révolutionnaire devrait continuer à tourner autour des travaux (et des lieux de travail) fixes. (...) Cependant, le but ultime nest pas lautogestion des entreprises existantes. Partageant lavis de Paul Goodman et dautres, que la plupart du travail actuel est superflu ou pire, Knabb prévoit le dépérissement des positions de travail fixes par le dépassement de la plupart des métiers et la réorganisation de toute activité. Léconomie monétaire-marchande doit être totalement abolie il ne mâche pas ses mots à cet égard et la semaine de travail pourrait être réduite à 10-15 heures. Encore plus important, quelle solution envisage-t-il pour les personnages peu coopératifs? Quils soient laissés tranquilles! Bref, Zerzan minimise ou passe sous silence laccent sur la transformation qualitative dans la société envisagée par Knabb, qui me semble assez différente que le système actuel.
Bien quil souligne la décentralisation et lorganisation petite et informelle, Knabb semble accepter une certaine quantité [degré/niveau] de centralisation régionnelle et même mondiale. Et il est optimiste sur lautomation et les possibilités de reconcevoir [redesign] et de rediriger les ordinateurs et dautres technologies modernes. Mais il envisage que les gens garderont lil sur les experts jusquà ce que les connaissances nécessaires soient plus répandues our les techniques en question soient simplifiées ou dépassées. Voilà quelque chose dassez différente des relations socio-technocratiques du système présent. Il offre des idées sur comment tout le paysage technique pourrait être transformé immensément, y compris de dépérissement [élimination progressive] de beaucoup de technologies, la restauration [remise en vigueur] de larges régions sauvages, et le démantèlement [dépassement] rapide de lindustrie et de linfrastructure de lautomobile. Tout cela mérite une critique plus sérieuse que ne lait fait Zerzan.
Enfin, on trouve dans Public Secrets une utile tentative de signaler des scénarios habituels dans les temps de révoltes; comment sécroule lillusion quont des gens quant à leur impuissance à opposer le système; le contagion et les limites de la libération; comment il y a plus de possibilités mais moins de temps; des exemples de ce que lon pourrait faire, ainsi que de ce que lon doit éviter. Public Secrets vaut bien la peine à lire, et il mérite plus quun compte-rendu dédaigneux.
Unru Lee (Oregon),
lettre reproduite in Anarchy no. 44 (automne 1997)
[Réponse de Zerzan, parue au même numéro:]
Ce nest pas que je pense que Public Secrets soit totalement sans qualités, cest quune frustration majeure reste suprême: le fait que son auteur, bien quil soit assez doué, reste si résolument dans le noir quant à la considérable approfondissement théorique qui a eu lieu depuis les dernières 25 ans. Voilà la raison pour mon impulsion dédaigneuse, ce qui le fait plus difficile de mengager dans un compte-rendu plus long et plus favorable de ce livre qui couronne ses achèvements.
Mais même si mon compte-rendu est abrégé, je résiste le jugement de Lee quil fausse [le livre de] Knabb dans quelque façon fondamentale quil soit. Au contraire, Lee et Knabb, tous les deux, fournissent les matériaux pour résister cette accusation.
Knabb dit quil soppose à la division de travail existante, mais il embrace toutes les manifestations (et toutes les illusions) de cette division de travail. Il favorise le travail, la banque [opérations bancaires], des spécialisations, lautomation et même les ordinateurs! Il semble vouloir lInternet tout en oubliant quil incarne le niveau de lexistence aliénée le plus haut inventé jusquici, y compris lindustrie minière, la fonte [métallurgique], la corvée [travail pénible/grosse besogne], la toxicité, des réseaux électriques nationaux, etc., etc. Il ne faut que la réflexion dun instant pour reconnaître les niveaux de coercition, dartificialité [manque de naturel] et déloignement de la nature qui se figent dans ces machines reluisantes!
Ce que je veux dire pour lessentiel, cest que la perspective de Knabb ne représente pas une rupture qualitative avec le monde où nous vivons. En fait, il naborde même pas [is not even close to] la genre de vision ou danalyse dont nous avons besoin, parce que pour lui la production, le Progrès, le travail (sans parler leur base ultime, la division de travail) ne posent pas de problème. À mon avis, il ne peut y avoir aucune intégralité ni reconnexion avec la nature qui ne commence pas par un refus de ces catégories.
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Ce livre [Public Secrets] éminemment agréable [facile] à lire comprend trois parties. La première, La joie de la révolution, est une simple (mais pas simpliste) esquisse de pourquoi et comment une société non-étatique et non-hiérarchique pourrait être possible. La deuxième partie, Confessions dun gentil ennemi de lÉtat, est, comme limplique le titre, une esquisse autobiographique en partie chronique politique, en partie auto-analyse, en partie simple nostalgie. La dernière partie, et la plus extensive, est un recueil des anciennes publications de Knabb, dont la plupart sont naturellement écrit dune perspective situationniste (et parfois sur des perspectives situationnistes).
John Zerzan la donné un compte-rendu assez désinvolte et dédaigneux dans la revue Anarchy: A Journal of Desire Armed. Bien quil reconnait que ce livre est mesuré et sans jargon et est écrit dans un style calme, doux et prudemment modeste jugements avec qui je suis complètement daccord Zerzan le critique pour ce quil nest pas, et non pour ce quil est. Ce qui me semble une forme de critique bien injuste. Il dit, par exemple, Knabb est intelligent et il sait bien sexprimer, mais il reste surtout un situationniste du plus orthodoxe. Et alors? À ma connaissance Knabb na jamais prétendu de ne pas lêtre. Une autre critique que fait Zerzan, cest que dans lindex je ny trouve un seul [sujet] qui ne date après les années 70, et principalement vers leur début. Je réponds encore: Et alors? Il me semble que la question importante est plutôt si ce qui est écrit soit juste [bien réfléchi] et informatif ou non. Dailleurs, considérant que la plus grande partie du livre est une collection danciennes publications dont la plupart ont été écrit pendant les années 70, cest à peine surprenant quil reflète certaines des perspectives de cette décennie-là.
Zerzan conclut: Comme les choses empirent [se détériorent] manifestement et dramatiquement, il semble que nous avons plus besoin dapprofondir la compréhension quil faut aller bien plus loin que nous navions pensé dans les années 70, plutôt que de présenter (ne fût-il dune façon discrète et non pas sans éloquence) une recette tirée de notre passé idéologique. Mais pour faire cela ne faut-il pas que nous apprenions dabord toute leçon que les années 70 pourraient nous enseigner? (Et qui sont ce nous et quelle est cette pensée monolithique des années 70?) Jai trouvé les Confessions énormément évocatrices de certains aspects des années 70 de certains choses que nous serions bien avisés de ne pas répéter (mais ni de loublier non plus), et dautres choses quil pourrait être agréable de répéter. Knabb conclut cette section: Si certains lecteurs me tiennent pour un égotiste pour mêtre permis décrire sur ma vie relativement peu spectaculaire, jespère que dautres seront encouragés à réexaminer leurs propres expériences. Je me trouve absolument dans la dernière catégorie.
Le numéro suivant dAnarchy contient une lettre dun lecteur qui dénonce le compte-rendu de Zerzan pour être trop négatif, et une réplique de Zerzan. Dans cette réplique Zerzan dit: Ce que je veux dire pour lessentiel, cest que la perspective de Knabb ne représente pas une rupture qualitative avec le monde où nous vivons. Précisément! cest bien pour cela quil vaut la peine de lire ce livre, parce quil offre des suggestions pour laction ici et maintenant, plutôt que des belles promesses sur une société où nous aurions tous redevenus des chasseurs-cueilleurs.
Il y a néanmoins certains propos [domains/sujets], surtout dans La joie de la révolution, où je mettrais en question une certaine attitude de Knabb quon pourrait peut-être nommer optimisme. Par exemple, une des éventuelles solutions quil suggère pour les problèmes avec des types violents, cest quils pourraient sintégrer bien dans une région plus bagarrée comme le Far West. Mais supposons que cette région bagarrée se décide à élargir son territoire? Mais malgré de telles réserves, je recommande ce livre pour les gens qui sont bien disposés envers la notion dune société non-hiérarchique et sans État, mais qui sont sceptiques et ne voient pas comment une telle société pourrait arriver effectivement. Ce livre comprend des bons conseils et la réfutation des objections courantes; et tout est écrit avec une rare combinaison de lisibilité, de logicalité et délan. (...)
Eugenia Lovelace, in Red and Black no. 28 (Quaama, Australie, printemps 1998)
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[Larticle suivant commence avec quelques remarques sur lI.S., en disant quune de ses meilleures contributions était la critique du militantisme...]
Public Secrets de Ken Knabb illustre la nature auto-obsédée du milieu situationniste des jours enivrants de mai 1968. (...)
En accord avec le refus du rôle du militant et de lactivisme compulsif journaleux, le livre de Knabb, en tant que récit de la deuxième vague de situationnistes aux États-Unis, est notable pour son manque de références aux réunions habituelles et à lactivisme permanent connus de beaucoup de nous. Par exemple, quand il a achevé lédition de son Situationist International Anthology, Knabb sest mis à lescalade, au lieu de sengager dans une autre lutte.
Cela nous fait penser dune critique commune de la notion de subjectivité radicale de Vaneigem: quelle risque de dégénérer en individualisme bourgeois. Bien quelle était une attaque nécessaire contre la stérilité de lattitude gauchiste typique à lépoque de la réapparition dintérêt aux idées révolutionnaires, comment sapplique-t-elle pendant les temps où le mouvement et ses idées battent en retraite? Est-ce que Knabb était assommé après avoir achevé lAnthology, ou est-ce quil ny avait vraiment pas de luttes en cours autour de lui dans lesquelles il naurait pu participer utilement?
Le mouvement révolutionnaire est si petit aujourdhui, et la menace du gauchisme est si diminuée, quil est facile de penser que la pendule du plaisir contre engagement doit retourner vers lautre côté. Parfois, pour déclencher même les activités les plus modestes, il faut que tout le monde y pousse! (...)
[Ici larticle continue avec une discussion de Reich, du caractère, des ruptures situ, en tant quexemples dun rétrécissement vers le personnel. Puis:]
Knabb a passé à travers du milieu pré-hippie et de lanarchisme avant quil navait découvert les écrits de lI.S. Après Knabb avait dans ses propres mots devenu situationniste, il et dautres ont produit De la misère en milieu hip (1972), une analyse de ce qui était légitime dans le mouvement hippie ainsi que de certaines de ses limites profondes. (...) Cependant, ces textes datant du commencement des années 70, qui appliquaient la critique situationniste à des mouvements plus larges, donnent lieu vers le milieu de cette décennie [des années 70] à une théorisation sur le processus de la théorisation de plus en plus introvertie. Deux des textes les plus récents dans Public Secrets, La joie de la révolution et son autobiographie intéressante, Confessions dun gentil ennemi de lÉtat, mettent de tels textes [= les introvertis] dans le contexte. La découverte par Knabb des textes de lI.S. lui a fourni la théorie fondamentale à laquelle il a tenu, et quil a appliqué loyalement pour le reste de sa vie. Il y a eu peu de développement ultérieur des analyses originales de lI.S., ni par Knabb ni par personne dautre. Debord lui-même, après 1968, était plus concerné avec sa réputation quavec le développement dune nouvelle théorie. Les suiveurs loyaux de lI.S. semblaient vivre sur des gloires du passé; pour eux, avancer le projet authentique de lI.S. nétait que den répéter les idées plutôt que de les dépasser quand cela aurait été nécessaire, comme lI.S. avait dépassé la théorie révolutionnaire antérieure. La joie de révolution de Knabb ne prétend donc pas être original[e]; cest plutôt une introduction, quelque peu didactique mais facile [claire/agréable] à lire, au bon sens de la théorie révolutionnaire anti-hiérarchique, destinée aux lecteurs pas autrement convaincus. [= qui nont pas été convaincus par dautres raisons]. Bien que sous cet angle ce texte a quelques mérites, certains lecteurs seront daccord avec nous en trouvant que la façon dont il traite la démocratie soit bien trop peu critique encore un autre héritage non contestée des situationnistes.
Si les idées de lI.S. sont plus ou moins complètes [achevées], comme Knabb semble croire, la chose la plus importante est alors de les communiquer. Ce qui frappe dans le récit fait par Knabb de sa propre activité, cest combien elle était centrée sur des textes: ses interventions étaient principalement des écrits, des affiches, des tracts. Dans son fétichisme pédantesque pour la précision, Knabb croyait quil était essentiel de choisir les mots justes, même si cela nexigeait le fait décrire et de récrire ses tracts maintes fois jusquau point de la perfection. De sorte que son bref tract sur la guerre du Golfe a pris presque deux mois à écrire et nétait diffusé que quand la campagne contre la guerre était presque finie. Dautre documents dans la collection reflète la même loyauté aux idées de lI.S. La réponse de Knabb à lémeute de Los Angeles de 1992 nétait pas une analyse nouvelle, en apprenant [des choses] des nouvelles expressions de la pratique anti-capitaliste manifestées dans lémeute. Au lieu de ça, il a diffusé une nouvelle traduction du texte classique de lI.S. Le déclin et la chute de léconomie spectaculaire-marchande!
Dans Les aveugles et léléphant Knabb juxtapose de nombreuses citations critiques sur lI.S., pas seulement de commentateurs bourgeois superficiels, mais aussi des révolutionnaires, y compris une remarque critique tirée de Eclipse and Re-Emergence of the Communist Movement [##] de Barrot et Martin. Linclusion de cette citation ne démontre pas le refus dogmatique de comprendre de Barrot et Martin, mais [plutôt celui] de Knabb. La critique de Barrot, que nous discutons ailleurs, est, considérée dune perspective révolutionnaire, peut-être lanalyse critique de lI.S. la plus utile jusquau présent. (...)
[Larticle conclut avec un éloge de la critique de lI.S. faite par Jean Barrot; et une dénonciation de lanthologie What Is Situationism? de Stewart Home.]
Aufheben no. 6 (Angleterre, automne 1997)
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(...) Dans son livre récent, Public Secrets, Ken Knabb reconnait que les projets révolutionnaires peuvent produire du plaisir. Dans La joie de la révolution il présente une perspective politique qui recoupe à bien des égards celle des radicaux de Fifth Estate: que les problèmes ne peuvent être résolus individuellement, que le capitalisme a des grandes capacités pour la récupération, que les programmes autoritaires et étatistes méritent dêtre jetés à la poubelle. Dans une transformation sociale qui abolirait la hiérarchie, largent et lasservissement aux marchandises, il ny aura aucun rôle pour les parties davant-garde ni les leaders omniscients.
Knabb reconnait que les actes individuels qui défient le pouvoir peuvent être difficiles à réaliser, ne serait-ce que simplement parler publiquement ou diffuser un texte écrit. Mais laction concrète fournit de lexpérience et aide à choisir des tactiques ultérieures. Voilà une de ses formulations:
Lalpha et loméga de la tactique révolutionnaire, cest la décision. (...) La méthode la plus simple pour le dépistage des conneries est dobserver si les décisions dun individu lentraînent à agir et si son action lentraîne à prendre des décisions.
Il prévient quil est facile de se faire dérouté en luttant contre des extrémistes:
Si tous les problèmes peuvent être attribués à une clique sinistre de purs fascistes, toute autre chose aura par comparaison un air progressiste soulageant. En attendant, les véritables formes de domination moderne, qui sont généralement plus subtiles, continuent à passer inaperçues et sans opposition.
Gare aussi au réformisme:
Croire quune série de réformes menera finalement à une transformation qualitative, cest comme penser quon pourrait traverser un gouffre de dix mètres en faisant une succession de sauts dun mètre.
Les lecteurs qui connaissent Knabb comme traducteur et interprète de lInternationale Situationniste reconnaîtront combien son analyse a été influencée par Guy Debord, Raoul Vaneigem et leur milieu. Son adaptation de ce système de pensée au contexte nord-américain rend plus concrètes les formulations abstraites des auteurs français. Ses applications des théories situationnistes les rendent plus précises et donc plus provocatrices. Ses conseils sur comment produire et diffuser un tract peuvent être plus propices pour inspirer laction que ne lest un slogan comme Soyez réaliste, demandez limpossible. Mais les critiques rigoureuses et cruelles émises par les situationnistes contre les belles âmes progressistes et les flagorneurs du pouvoir établi ont aidé Knabb à analyser et à discréditer leurs homologues américains.
Knabb ne prend pas les situationnistes comme modèle à tous les égards. Dans La réalisation et la suppression de la religion, brochure largement diffusée qui a été écrit quinze ans avant Public Secrets, le dernier paragraphe dit:
Nous avons besoin de développer un nouveau style, un style qui garde le tranchant des situationnistes mais avec une magnanimité et une humilité qui laissent de côté leurs rôles et intrigues sans intérêt. La mesquinerie est toujours contre-révolutionnaire.
(...) Dans sa vue dune société post-capitaliste, Knabb rejette les parlements, largent et les managers élitistes, mais regimbe contre lidée que les machines du XXe siècle puissent être éliminées. Dans dix paragraphes succincts à la fin de La joie de la révolution nous trouvons sa diatribe contre les technophobes, mais sa véhémence assombrit les pages antérieures pages qui examinent des possibilités diverses pour des rapports sociaux libertaires et généreux.
Une fois la révolution accomplie, Knabb prévoit et approuve la décentralisation et la diversité. La dissension ne disparaîtra pas, mais il est persuadé que la collaboration rationnelle des résidents dune communauté allégera une bonne partie des conditions imposées par le capitalisme qui causent les souffrances et les problèmes.
Certaines technologies le pouvoir nucléaire, par exemple seront inacceptables dans sa société post-révolutionnaire. Mais ne menacez pas laccès à ce quil nomme son ordinateur épatant. Bien quil admet que la technologie informatique actuelle implique quelques inconvénients (surexploitation dans le travail, pollution), il est persuadé que ces problèmes pourraient être résolus avec laide de lautomatisation informatisée!
Knabb prétend, à tort, que tous ceux qui sont contre la technologie préconisent le retour à un paradis primitif. Il rejette avec indignation la possibilité que la satisfaction sociale puisse être achevée sans les jouets et les facilités urbaines du XXe siècle. Knabb a également tort de sinquiéter sur la possibilité que des technophobes autoritaires proscrivent les avions, les téléphones et les automobiles dans une société post-capitaliste égalitaire. Ces objets disparaîtront parce quil ny aura pas d opérateurs pour travailler dans les usines, les aciéries et les mines, même si elles étaient autogérées. Sans y être contraint, cest peu probable que personne ne passerait même une seule heure dans de tels environnements.
Il nous assure: Les avions seront toujours utilisés pour les voyages intercontinentaux (rationnés sil le faut) et pour certains envois urgents. Or il faut beaucoup de gens soumis à un asservissement discipliné aux machines pour produire un avion, et pour fournir du combustible et des pistes datterrissage. Si de tels objets sophistiqués existent, il faudra bien sûr un rationnement. Et une fois fixées des priorités urgentes et ce rationnement, peut-on éviter de voir apparaître bientôt un cadre administratif?
La deuxième section de Public Secrets, Confessions dun ennemi débonnaire de lÉtat, est une attachante autobiographie de 70 pages. Knabb raconte litinéraire politique et personnel qui la conduit au radicalisme. Parmi ses mentors littéraires: Fredrick Douglass, Walt Whitman, Kenneth Rexroth.
Il a été influencé par les mouvements révolutionnaires et contre-culturels des années 60: drogues, musique, manifestations. Entre 1970 et 1993 il a écrit beaucoup de textes présentant sa critique et ses analyses des événements et des programmes politiques. Tous sont compris dans Public Secrets dont ils constituent deux tiers de l'ouvrage.
Comme la période de contestation tumultueuse tirait à sa fin, il a entrepris la traduction dun grand nombre de textes situationnistes, en plus de se consacrer à la varappe, au violon, aux échecs, au tennis et à la méditation zen. Il continue déditer des textes subversifs.
Il est décevant de constater que, dans lexposé quil fait des secrets publiques divers, Knabb renonce à une critique semblable de la technologie.
Encore un pas, camarade!
Fifth Estate (Detroit, été 1999)
Traduction provisoire de Selected Opinions on the BPS faite par Ken Knabb (en attendant une version corrigée en bon français).
[Opinions francophones sur le BPS]
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