Ebauches de traduction

 

Les aveugles et l’éléphant
Bureau of Public Secrets n° 1 (exergue)
Los Angeles 1965/1992
Sur le film “La dialectique peut-elle casser des briques?” de René Viénet
Sur le film “La Société du Spectacle” de Guy Debord
Public Secrets (quatrième de la couverture)
 

 


 

Les aveugles et l’éléphant


[Cette grande affiche (dont l’original est reproduit dans le livre Public Secrets) comprend de nombreuses citations à propos de l’I.S.; une brève bibliographie; des extraits de La véritable scission dans lInternationale; et une proposition aux éditeurs. Pour l’instant je ne reproduis ici que les deux derniers. La plupart des premières citations sur l’I.S. sont déjà connues en France, ayant été signalées à l’époque par l’I.S. Celles qui ont paru plus tard en Angleterre et aux États-Unis sont en général du même genre.]

 

L’Internationale situationniste s’est imposée dans un moment de l’histoire universelle comme la pensée de l’effrondrement d’un monde; effondrement qui a maintenant commencé sous nos yeux.

Le ministre de l’Intérieur en France et les anarchistes fédérés d’Italie en ressentent la même colère : jamais projet si extrémiste, se déclarant dans une époque qui paraissait lui être si hostile, n’avait affirmé en si peu de temps son hégémonie dans la lutte des idées, produit de l’histoire des luttes de classes. La théorie, le style, l’exemple de l’I.S. sont adoptés aujourd’hui par des milliers de révolutionnaires dans les principaux pays avancés mais, bien plus profondément, c’est l’ensemble de la société moderne qui paraît s’être convaincue de la vérité des perspectives situationnistes, soit pour les réaliser, soit pour les combattre. Livres et textes de l’I.S. sont partout traduits et commentés. Ses exigences sont affichées dans les usines de Milan comme dans l’université de Coïmbra. Ses principales thèses, de la Californie à la Calabre, d’Ecosse en Espagne, de Belfast à Leningrad, s’infiltrent dans la clandestinité ou sont proclamées dans des luttes ouvertes. Les intellectuels soumis qui sont actuellement au début de leur carrière se voient de leur côté obligés de se déguiser en situationnistes modérés ou demi-situationnistes, rien que pour démontrer qu’ils sont aptes à comprendre le dernier moment du système qui les emploie. Si l’on peur dénoncer partout l’influence diffuse de l’I.S., c’est parce que l’I.S. n’est elle-même que l’expression concentrée d’une subversion historique qui est partout.

Ce que l’on appelle “les idées situationnistes” ne sont rien d’autre que les premières idées de la période de réapparition du mouvement révolutionnaire moderne. Ce qui, en elles, est radicalement nouveau correspond précisément aux caractères nouveaux de la société de classes, au développement réel de ses réussites passagères, de ses contradictions, de son oppression. (...)

L’I.S. n’a pas seulement vu venir la subversion prolétarienne moderne; (...) elle était allée à sa rencontre. Nous n’avons pas mis “dans toutes les têtes” nos idées, par une influence étrangère, comme seul peut le faire, sans succès durable, le spectacle bourgeois ou bureaucratique-totalitaire. Nous avons dit les idées qui étaient forcément déjà dans ces têtes prolétariennes, et en les disant nous avons contribué à rendre actives de telles idées, ainsi qu’à rendre la critique en actes plus théoricienne, et décidée à faire du temps son temps. (...)

Comme il était advenu en général dans les moments pré-révolutionnaires des temps modernes, l’I.S. a proclamé ouvertement ses buts, et presque tous ont voulu croire que c’était une plaisanterie. Le silence entretenu à ce propos par les spécialistes de l’observation sociale et les idéologues de l’aliénation ouvrière pendant une dizaine d’années — période fort courte à l’échelle de tels événements — (...) n’avait pas préparé la fausse conscience de l’intelligentsia soumise à prévoir ni à comprendre ce qui a éclaté en France en mai 1968, et depuis n’a fait que s’approfondir et d’étendre. (...) À la conscience obscurcie des spécialistes du pouvoir, cette crise révolutionnaire s’est d’emblée présentée seulement sous la figure de la pure négation sans pensée. (...) On y découvre que le mouvement des occupations avait malheureusement quelques idées, et que c’étaient des idées situationnistes : ceux même qui les ignorent semblent déterminer leurs positions à partir d’elles. (...)

C’est à ce moment qu’une génération, internationalement, a commencé à être situationniste. (...)

Que l’on cesse de nous admirer comme si nous pouvions être supérieurs à notre temps; et que l’époque se terrifie elle-même en s’admirant pour ce qu’elle est.

— LA VÉRITABLE SCISSION DANS L’INTERNATIONALE
Circulaire publique de l’Internationale Situationniste
Avril 1972

 

PROPOSITION

Ken Knabb traduira tout livre situationniste, ou tous les livres situationnistes, quand il trouvera un éditeur acceptable [qui convient].

Conditions:

- Il appartiendra à Knabb d’approuver la traduction finale.

- Il lui appartiendra aussi de fournir toutes les annotations ou tous les commentaires, s’il y en aura.

- Au cas d’une anthologie d’articles de la revue de l’I.S., il fera la sélection. À cette [éventuelle] exception près, les éditions américaines doivent être intégrales et doivent suivre essentiellement la présentation originale.

- Toute question sur la forme et le contenu des textes doit être sujette à l’approbation finale des auteurs, avec lesquels Knabb est prêt à collaborer s’ils le veulent.

BUREAU OF PUBLIC SECRETS
Janvier 1975

 

[Version anglaise des citations de cette affiche (augmentée d’autres citations)]



 

Bureau of Public Secrets n° 1


[en exergue de la revue :]

Je ne vous dis que ce que vous savez déjà. (...)
Alors, que cela [= ce qu’il vient de dire] se mette à l’oeuvre.
Esprit des troubles, tu es sur pied,
Suis ton cours, quel qu’il soit.

—Shakespeare [“Jules César”, III.ii.224, 260-261]

 

[CF: “Je dis ce que vous savez déjà (...) Il n’y a plus qu’à laisser faire. Le mal est en route : qu’il aille son chemin.” [trad. P. Arnold]

[CF: “Je ne vous dis que ce que vous savez. (...)
Laissons-les faire maintenant. Esprit du mal,
Tu es à l’oeuvre, agis comme tu veux !” [trad. Evans-Leyis, bilingue]

[CF: “Je vous dis ce que vous-mêmes vous savez bien. (...)
Lors laissons oeuvrer. Malice, tu es en train,
Prends donc la course que tu veux.” [trad. Bournet]

[CF: “Je dis ce que chacun de vous sait. (...) Maintenant, que le poison opère! Malédiction, tu es en route; prends le chemin que tu voudras! [éd. Pléiade II, pp. 590-91]

[CF: “...il me faut bonnement,
Dire ici ce que tous vous savez comme moi. (...)
Laissons faire à présent. Te voilà déchaîné,
O Mal, poursuis ta route ainsi qu’il te plaira.” [éd. Garnier bilingue]

 

* * *

 

TABLE DE MATIÈRES

La société du situationnisme
Notes pour une manifeste situationniste (Jeanne Charles et Daniel Denevert)
La critique ad mulierem (Jeanne Charles)
Extrait de “Fin de la Science” (Jean-Louis Moinet)
Un bref guide de l’image situationniste anglo-américaine
Les pépins, c’est mes oignons
Détournement affectif : une étude de cas


[Traduction provisoire de l’exergue et la table de matières de la revue Bureau of Public Secrets no. 1 (seul numéro de la revue du BPS, janvier 1976)]

 



Los Angeles 1965/1992


La révolte de Los Angeles est une révolte contre la marchandise, contre le monde de la marchandise et du travailleur-consommateur hiérarchiquement soumis aux mesures de la marchandise. (...) Le pillage du quartier de Watts manifestait la réalisation la plus sommaire du principe bâtard “À chacun selon ses faux besoins”, les besoins déterminés et produits par le système économique que le pillage précisément rejette. Mais du fait que cette abondance est prise au mot, rejointe dans l’immédiat, et non plus indéfiniment poursuivie dans la course du travail aliéné et de l’augmentation des besoins sociaux différés, les vrais désirs s’expriment déjà dans la fête, dans l’affirmation ludique, dans le potlatch de destruction. (...)

Les Noirs de Los Angeles sont mieux payés que partout ailleurs aux États-Unis, mais ils sont là encore plus séparés qu’ailleurs de la richesse maximum qui s’étale précisément en Californie. Hollywood, le pôle du spectacle mondial, est dans leurs voisinage immédiat. On leur promet qu’ils accèderont, avec de la patience, à la prospérité américaine, mais ils voient que cette prospérité n’est pas une sphère stable, mais une échelle sans fin. Plus ils montent, plus ils s’éloignent du sommet. (...) Les Noirs américains, globalement, ne sont pas menacés dans leur survie — du moins s’ils se tiennent tranquille — et le capitalisme est devenu assez concentré et imbriqué dans l’État pour distribuer des “secours” aux plus pauvres. Mais du seul fait qu’ils sont en arrière dans l’augmentation de la survie socialement organisée, les Noirs posent les problèmes de la vie, c’est la vie qu’ils revendiquent. (...)

Le monde rationnel produit par la révolution industrielle a affranchi rationnellement les individus de leurs limites locales et nationales, les a liés à l’échelle mondiale; mais sa déraison est de les séparer de nouveau, selon une logique cachée qui s’exprime en idées folles, en valorisations absurdes. L’étranger entoure partout l’homme devenu étranger à son monde. Le barbare n’est plus au bout de la Terre, ils est là, constitué en barbare précisément par sa participation obligée à la même consommation hiérarchisée. (...) Mais l’absurdité révoltante de certaines hiérarchies, et le fait que toute la force du monde de la marchandise se porte aveuglement et automatiquement à leur défense, conduit à voir, dès que commence la pratique négative, l’absurdité de toute hiérarchie.

INTERNATIONALE SITUATIONNISTE
Décembre 1965

 

[Original des extraits de larticle sur lémeute de Watts in Internationale Situationniste no. 10, réédités comme tract en mai 1992 pour saluer la nouvelle émeute dans la même ville. Un peu plus tard j’ai réédités une nouvelle traduction de l’article intégral.]

 



Sur le film
“La dialectique peut-elle casser des briques?”
de René Viénet


Depuis que Guy Debord a retiré de la circulation tous ses films, La dialectique peut-elle casser des briques? est presque le seul exemple disponible d’un emploi situationniste du cinéma. Le film de Viénet peut à peine être comparé à ceux de Debord, mais quand même il vaut bien la peine à voir pour son emploi conséquent de la technique situationniste du détournement d’éléments culturels existants pour de nouveaux objectifs subversifs. D’autres cinéastes ont employé certains aspects de cette technique, mais seulement de façon confuse et semi-consciente, ou dans un but purement humoristique à la What’s Up, Tiger Lily? de Woody Allen [diffusé en France sous le titre “La première folie de Woody Allen”].

Le film de Viénet est même plus drôle, mais son humour ne vient tant d’une satire d’un genre cinématographique absurde que de la sape du rapport spectacle-spectateur au coeur d’une société absurde. À la fois dans son contenu socio-critique et dans sa forme autocritique, il présente un contraste frappant aux pleurnicheries réformistes et aux rodomontades militantes qui constituent la plupart des médias soi-disant radicaux. En détournant contre lui-même le pouvoir persuasif du cinéma (les personnages critiquent l’intrigue, leurs rôles et la fonction des spectacles en général), il neutralise constamment la tendance des spectateurs à s’identifier avec l’intrigue, en leur rappelant que la véritable aventure — ou son absence — se trouve dans leur propre vie.

[OMIS: repères pour une exposition du film à la cinémathèque de Berkeley, ainsi que des références bibliographiques.]

[mars 1992]

 

[Traduction provisoire du tract On Viénet’s film “Can Dialectics Break Bricks?”]

 


 

Sur le film “La Société du Spectacle” de Guy Debord

 

Vouz avez vécu la vie, maintenant vous pouvez en voir le film!
[cf. la publicité courante: "Vous avez lu le livre, maintenant regardez le film!"]

 

“LA SOCIÉTÉ DU SPECTACLE”

Un film de Guy Debord

90 minutes. Copie vidéo du film français,
avec sous-titres anglais par Keith Sanborn.
Pacific Film Archive, Berkeley,
mercredi le 22 mai 1996, 7.30 heures.
________

Si jamais nous réussirons à nous échapper de ce gâchis, les générations futures tiendront Guy Debord pour celui qui aura contribué à cette libération plus que n’importe qui d’autre au ce siècle.

Guy Debord (1931-1994) fut le personnage le plus influent de l’Internationale Situationniste, petit groupe expérimental qui joua un rôle clé en catalysant la révolte de Mai 1968 en France. La Société du Spectacle (1973) est l’adaptation cinématographique faite par Debord de son livre de 1967. Comme des passages du livre sont lu par [une] voix hors champ, le texte est éclairé, soit via l’illustration directe, soit via diverse sortes de contrastes ironiques, par des clips de films russes ou américains (Le Cuirassé Potemkine, Octobre, Pour qui sonne le glas, Shanghai Gesture, Johnny Guitar, Monsieur Arkadin, etc.), des publicités, du porno soft, des scènes dans la rue et des séquences tirées d’informations ou de documentaires, y compris des images [brèves] d’Espagne 1936, Hongrie 1956, Watts 1965, France 1968 et d’autres révoltes du passé. De temps à autre des citations de Marx, Machiavelli, Clausewitz ou Tocqueville coupent le fil [interrompre le rythme].

Laissant de côté la question du mérite esthétique (à cet égard[-là] les films de Debord sont par ailleurs parmi les oeuvres les plus ingénieusement novatrices de l’histoire du cinéma), La Société du Spectacle est certainement le film radical le plus important qui a jamais été fait. Non pas seulement parce qu’il est basé sur le plus important livre radical du XXe siècle, mais parce qu’il n’a malheureusement eu aucune concurrence cinématographique sérieuse. Bien des films ont dévoilé tel ou tel aspect de la société moderne, mais celui de Debord est le seul qui présente une critique cohérente de tout le système mondial. Bien des cinéastes radicaux se sont référés, du bout des lèvres, à la “distanciation” brechtienne, à savoir inciter les spectateurs à penser et à agir par eux-mêmes plutôt que de les entraîner à l’identification passive au héros ou à l’intrigue, mais Debord est pratiquement le seul qui ait vraiment réalisé cet objectif. Mis à part quelques ouvrages influencés par lui (notamment La dialectique peut-elle casser des briques? de Viénet, et Call It Sleep de Cronin et Seltzer), ses films sont les seuls qui ont fait un usage cohérent de la tactique situationniste du détournement des éléments culturels existants pour de nouveaux objectifs subversifs. Le détournement a éte fréquemment imité, mais dans la plupart des cas sans une véritable compréhension. Il ne signifie pas seulement juxtaposer au hasard des éléments incongrus, mais plutôt (1) d’en créer une nouvelle unité cohérente qui (2) critique à la fois le monde existant et sa propre relation à ce monde. Certains artistes, cinéastes et même publicitaires ont employé des juxtapositions superficiellement semblables, mais la plupart d’entre eux sont loins de réaliser (1), pour ne dire rien de (2).

La Société du Spectacle n’est ni un discours “philosophique” de tour d’ivoire, ni une “protestation” impulsive et impuissante, mais un examen impitoyablement lucide des tendances et des contradictions les plus fondamentales de la société dans laquelle nous vivons. Cela veut dire qu’il faut le relire (et le revoir) de nombreuses fois, mais cela veut dire également qu’il reste aussi pertinent que jamais, alors que d’innombrables modes radicales ou intellectuelles sont venues et ont disparu. Comme l’a noté Debord dans son livre ultérieur, Commentaires sur la société du spectacle (1988), dans les décennies suivant la parultion originale du livre le spectacle est devenu plus envahissant que jamais, au point de refouler pratiquement toute conscience de l’histoire anté-spectaculaire ou de possibilités anti-spectaculaires: “La domination spectaculaire a réussi à élever une génération pliée à ses lois.”

[PAS REPRODUIT ICI: deux autres pages comprenant des repères bibliographiques et cinématographiques, ainsi que des citations de l’I.S. portant sur le cinéma, le spectacle et le détournement.]

[mai 1996]

 

[Traduction provisoire du tract On Debord’s film “The Society of the Spectacle”. L’essentiel de ce texte est repris dans l’introduction à ma traduction des Oeuvres Cinématographiques Complètes de Debord.

 


 

Public Secrets

[Quatrième de couverture du livre]

 

Ken Knabb a traduit et publié Situationist International Anthology (1981), choix de textes du groupe notoire qui a contribué au déclenchement de la révolte de Mai 1968 en France. Secrets publics (1997) est la première collection de ses propres écrits.

La première moitié du livre comprend deux textes nouveaux. “La joie de la révolution” est une série d’observations sur les problèmes et les possibilités d’une révolution mondiale antihiérarchique. À partir d’une brève vue d’ensemble sur l’échec du bolchevisme et l’insuffisance du réformisme, elle examine le pour et le contre d’un large éventail de tactiques radicales, puis elle s’achève avec quelques spéculations sur la nature d’une société post-révolutionnaire. “Confessions d’un ennemi débonnaire de l’État” traite en grande mesure des activités situationnistes de Knabb, mais comprend aussi des réminiscences de la contre-culture des années 60 et des récits de sa pratique Zen et d’autres aventures ultérieures.

La deuxième moitié du livre comprend presque toutes les anciennes publications de Knabb. Commençant avec son interruption d’une lecture de poèmes par Gary Snyder en 1970, elle comprend des critiques de la Nouvelle Gauche et de la contre-culture hippie; comptes-rendus de groupes, tactiques et scandales situationnistes; traductions de plusieurs textes français; une appréciation du grand poète, essayiste et critique social, Kenneth Rexroth; brochures, affiches, comics et articles sur Wilhelm Reich, des bouddhistes radicaux, des anarchistes japonais, des dissidents chinois, la révolte polonaise de 1970, la révolution iranienne de 1979; et “La guerre et le spectacle”, tract largement reproduit sur la guerre du Golfe.

Le but dans tous les textes de ce livre est de faire ressortir au grand jour les véritables choix, et d’inciter les gens à faire leurs propres expériences radicales.

[1997]

 

[Traduction provisoire du quatrième de couverture du livre Public Secrets: Collected Skirmishes of Ken Knabb (Secrets publics: escarmouches complètes de Ken Knabb). Pour le texte anglais de la quatrième de couverture, voir la description dans le Catalogue.]

 


Traductions provisoires de textes divers de Ken Knabb, faites par l’auteur (en attendant des versions corrigées en bon français).


[Autres textes en français]

 

  


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